Le commandant du 2ème Corps d’armée le maréchal N.-Ch. Oudinot a eu l’ordre de récupérer Borissov et, le cas échéant, de trouver un endroit pour la construction de ponts. L’Empereur envisageait deux possibilités de déroulement des évènements: soit percer à travers Borissov et foncer sur Minsk, soit se retirer en direction de Vilno (Vilnius actuellement).
Le 23 novembre, lors de la bataille de Lochnitsa, la cavalerie du 2ème Corps d’armée inflige une défaite à l’avant-garde du général P.P. Palen. En déployant son offensive l’adversaire s’empare de Borissov. Les troupes de l’amiral P.V. Tchitchagov ont battu en retraite et se sont installées sur la rive droite en brûlant le pont. Le jour même Napoléon apprend de la part du général J.-B.-J. Corbineau l’existence d’un gué près du village Stoudienka. Le commandant du 2ème Corps d’armée a reçu l’ordre de préparer la traversée.
Le matin du 24 novembre Napoléon reçoit le rapport de N.-Ch. Oudinot, dans lequel le maréchal décrit en détails la bataille de Borissov et fait part à l’Empereur de l’information concernant les gués repérés. Le soir-même le quartier général de l’Empereur atteint Lochnitsa. A minuit un courrier apporte un autre message de la part de N.-Ch. Oudinot. Le maréchal fait part à l’Empereur des difficultés liées avec la construction du pont à Stoudienka et demande du soutien. Dans sa réponse Napoléon annonce l’arrivée à Borissov de deux divisions d’infanterie de la Jeune Garde et demande d’accélérer les travaux de construction des ponts. Le commandant du 9ème Corps d’armée le maréchal C. Victor reçoit l’ordre de retenir l’avancée du 1er Corps détaché du général de corps d’armée P. Ch. Wittgenstein. Mais le maréchal n’a pas respecté l’ordre de Napoléon.
Malgré la situation critique de l’armée, l’Empereur compte forcer le passage de la Bérézina dans la nuit du 25 au 26 novembre avec le 2ème et le 9ème Corps d’armée et la Garde impériale. Pour bien réussir l’opération l’Empereur a ordonné aux 1er, 3ème, 4ème, 5ème, et 8ème Corps d’armée de prendre position sur la route entre Natcha et Niémanitsa. Les unités de gendarmes ont reçu l’ordre de ne pas laisser passer à Borissov les traînards et les cavaliers ayant perdu leurs chevaux.
Le matin du 25 novembre le Quartier général a pris la route pour Borissov. Aux approches de la Bérézina l’armée de l’Empereur comptait encore, avec les unités de flancs, 35 à 40 mille hommes restant sous les armes. Presque autant de soldats démoralisés, blessés, malades, mélés à la population civile traînaient derrière. L’après-midi l’Empereur arrive à Niemanitsa, où il s’arrête pour longtemps. Tout en recevant les rapports des rives de la Bérézina l’Empereur apportait des correctifs dans ses propres plans. A l’arrivée à Borissov Napoléon envisageait deux scénarios possibles:
1) évaluer la situation et s’il y avait la moindre chance de réussir, par une attaque rapide «récupérer le pont de Borissov»;
2) par le biais de fausses manoeuvres et de désinformation essayer de faire croire aux commandants de la 3ème armée que le passage aura lieu soit à Borissov, soit quelque part plus au sud, mais surtout pas à Stoudienka.
On estime que Napoléon est arrivé à Borissov vers 17 heures. Il existe également plusieurs versions concernant le lieu où était installé le Quartier général de l’Empereur à Borissov. Après une courte pause Bonaparte a entrepris une reconnaissance qui a duré un peu plus d’une heure. La Bérézina devenue large, une batterie d’artillerie sur les hauteurs de la tête de pont, le pont lui-même à moitié détruit ont fait comprendre à l’Empereur qu’il serait impossible de traverser à Borissov. Napoléon réunit les généraux et les maréchaux se trouvant alors dans le Quartier général pour leur faire part de sa décision d’effectuer le passage à Stoudienka. L’Empereur reste encore quelque temps à Borissov, puis, vers minuit se rend à Staro-Borissov (actuellement village de Staroborissov) pour passer la nuit. Probablement, Napoléon a passé la nuit du 25 au 26 novembre dans la maison du baron R. Korsak – le gérant du grand domaine «Borissovchtchizna», qui appartenait au prince M. Radzivill.
Dans les jours qui suivent, 26–29 novembre 2012 aux alentours de Borissov ont eu lieu les évènements connus sous le nom de la Bataille de la Bérézina. Ces évènements dramatiques sont décrits sur les pages de nombreux livres, articles scientifiques, manuels, on les retrouve aussi dans la littérature, le cinéma, les oeuvres des beaux-arts de la Biélorussie, de la Russie, de plusieurs pays de l’Europe et de l’Amérique.
Deux siècles plus tard, il ne reste plus aucune trace de passage de Napoléon à Borissov. Seulement les histoires et les légendes, mais aussi les monuments sur les lieux des batailles gardent le souvenir de ce Grand capitaine et ce Grand homme d’Etat.
SUMMARY (Резюме)
In November 1812, retreating from Russia along the Moscow track, the Great Army entered Belarus. Napoleon faced almost irresolvable task: to avoid three Russian armies and reach one of the basic stronghold points on the main communication line for troops supply – the city of Minsk. But on November, 16 the vanguard of the 3rd West Army under the command of admiral Chichagov seized Minsk. The threat of the Russian troops’ output to the river has appeared. It was going to ruin the French emperor ’s intention to settle the winter headquarters here. That’s why Napoleon put great store on Borisov where there was a bridge crossing, which opened a straight way to Minsk. Meanwhile, on November, 21 Russian vanguard of general-lieutenant Lambert occupied the Borisov bridgehead and invaded the city. The Great Army turned out to be surrounded.
The commander of the 2nd enclosure – Marshal Oudinot got an order to regain Borisov. In case of failure he had to start looking for a good place to cross the river. Napoleon considered two ways of the situation progress: breaking through Borisov to Minsk, or retreating to Vilno (now Villnius).
On November, 23 French cavalry of the 2nd enclosure defeated Russian vanguard of the Major-General Palen. French troops took over Borisov. Chichagov’s troops disorderly retreated to the right bank and burnt the bridge. The same day general Corbineau informed Napoleon about the crossing in Studionka village. The 2nd enclosure commander got an order to prepare a transport.
In the morning of November, 24 Napoleon received a message from Oudinot, which contained a detailed report on the battle for Borisov and the crossings found. By the night Napoleon’s headquarters moved to Loshnitsa village; there the emperor received another letter from Oudinot. Marshal described the problems which arose during construction of the bridges and asked for help. The emperor informed that two Infantry Divisions of the Young Guard would go to Borisov and demanded that the construction was finished as fast as possible. The commander of the 9th Army enclosure marshal Victor was ordered to deter the promotion of Russia’s 1st single enclosure of Lieutenant-General Wittgenstein. But marshal violated Napoleon’s order.
Despite the critical situation of the Army, Napoleon considered to cross the river during the night of November, 26 by the facilities of the 2nd and the 9th corps and the Guard. Napoleon ordered the 1st, the 4th, the 5th, and the 8th corps to stop motion till the special order and to echelon on the road between Nachi and Nemanitsa. Army Police was ordered to keep the left behind and dismounted soldiers from getting to Borisov.
In the morning of November, 25 the main part of the Army left for Borisov. Napoleon had from 35,000 to 40,000 good armed soldiers approaching the Berezina river. The same amount of demoralized, wounded and ill ones altogether with civilians followed the Army. After midday the emperor got to Nemanitsa, where he stopped for a while. Receiving messages from the banks of Berezina, Napoleon corrected his plans. After he came close to Borisov, Napoleon considered two possible ways of events’ progress:
1) see the situation and get “the Borisov bridge back” by surprise;
2) use disinformation, false maneuvers and demonstrations to make the commander of the 3rd West Army believe that French Army was going to cross the river in Borisov or to the South, but not in Studionka.
It is considered that Napoleon arrived to Borisov about 17.00. There are some versions concerning his headquarters’ location in Borisov. After a short rest Bonaparte went for reconnoiter. It took a bit more an hour. Watering Berezina, cannons on the high positions before the bridge, spoilt bridge – all these made Borisov a wrong place to cross the river. At his meeting with Generals and Marshals Napoleon announced he was eager to cross the river in Studionka. He stayed in Borisov for a while and then, closer to midnight, went to Staro-Borisov (now Staroborisov village) for the night. Evidently, he spent the night of November, 26 at baron Korsak’s house – the host of the “Borisovshina” estate, which belonged to Radzivills.
The next days, November, 26–29, 1812 the legendary event known as the Napoleon’s Army crossing the Berezina river took place in Borisovshina. This dramatic event has been reflected on the pages of various historical investigations and books, in cinema, literature and art of Belarus, Russia and many other European countries and America.
Today, after two centuries, there is no evidence of Napoleon’s presence in Borisov. Only legends and stories, as well as memorials at the past battle sites save memory for this magnificent military leader and state person.
Список рекомендуемой литературы
1. Будон, Жак-Оливье. Наполеон – полководец и человек / Жак-Оливье Будон; пер. с фр. – Минск: изд-во «Четыре четверти», 2012.
2. Васильев, И. Н. Несколько громких ударов по хвосту тигра: операция на Березине осенью 1812 года, или Реабилитация адмирала Чичагова / И. Н. Васильев. – Москва: Рейтар, 2001.