Ce sont les classes laborieuses, ces ouvriers des champs et des villes, dont le sort a fait l’objet de mes plus vives préoccupations et de mes plus chères études, qui ont le plus souffert de ce désordre social.
Mais la France, cruellement désabusée par des désastres sans exemples, comprendra qu’on ne revient pas à la vérité en changeant d’erreur, qu’on n’échappe pas par des expédients à des nécessités éternelles.
Elle m’appellera et je viendrai à elle tout entier, avec mon dévouement, mon principe et mon drapeau.
A l’occasion de ce drapeau, on m’a imposé des conditions que je ne dois pas subir.
FRANCAIS!
Je suis prêt à tout pour aider mon pays à se relever de ses ruines et à reprendre son rang dans le monde. Le seul sacrifice que je ne puisse lui faire est celui de mon honneur.
Je suis et je veux être de mon temps, je rends un sincère hommage à toutes ses grandeurs, et quelle que fût la couleur du drapeau sous lequel marchaient nos soldats, j’ai admiré leur héroïsme, et rendu grâce à Dieu de tout ce que leur bravoure ajoutait au trésor des gloires de la France.
Entre vous et moi, il ne doit subsister ni malentendu, ni arrière-pensée.
Non, je ne laisserai pas, parce que l’ignorance ou la crédulité auront parlé de privilèges, d’absolutisme, ou d’intolérance, que sais-je encore ? de dîme, de droits féodaux fantômes, que la plus audacieuse mauvaise foi essaie de ressusciter à vos yeux, je ne laisserai pas arracher de mes mains l’étendard d’Henri IV, de François 1er et de Jeanne d’Arc.
C’est avec lui que vos pères, conduits par les miens, ont conquis cette Alsace et cette Lorraine dont la fidélité sera la consolation dans nos malheurs.
Il a vaincu la barbarie sur cette terre d’Afrique, témoin des premiers faits d’armes des princes de ma famille.
C’est lui qui vaincra la barbarie nouvelle dont le monde est menacé. Je le confierai sans crainte à la vigilance de notre armée: il n’a jamais suivi, elle le sait, que les chemins de l’honneur.
Je l’ai reçu comme un dépôt sacré du vieux Roi mon aïeul, mourant en exil. Il a toujours été pour moi inséparable du souvenir de la patrie absente, il a flotté sur mon berceau et je veux qu’il ombrage ma tombe.
Dans les plis glorieux de cet étendard sans tache, je vous apporterai l’Ordre et la Liberté.
Henri V ne peut abandonner le drapeau blanc d’Henri IV.
Chambord, 5 Juillet 1871
Henri. »
21Le positivisme
Le positivisme est un courant philosophique dominant au XIXe siècle. Théorisé par Auguste Comte, il accompagne la révolution industrielle et détermine une confiance au progrès, produit d’une maîtrise possible par l’homme des réalités matérielles mais aussi sociales. Elle commande les démarches scientifiques par l’expérience préalable. Elle hérite aussi de l’esprit des philosophes du XVIIIe siècle une critique des institutions religieuses (sans rejeter un certain spiritualisme) et un intérêt pour l’encyclopédisme. Son influence dans la France républicaine et anticléricale fut importante. Le dictionnaire d’Emile Littré est directement inspiré de cette doctrine qui se déplace également hors d’Europe.
« 4. POSITIF, IVE (pô-zi-tif,ti-v’), adj. || 1° Sur quoi l’on peut poser, compter; qui est assuré, constant, On ne put jamais rien gagner de positif sur l’esprit de Monsieur, RETZ, Mém. t. n, liv. m, p. 348, dans POUGENS. Les lettres ne disent rien de positif, parce qu’on ne sait rien, SÉV. 440. Sans rien demander de positif, elle eut un art de faire voir les horreurs de son état, ID. 276. Je ne pus tirer de ce prince des paroles positives, BOSS. Zetf. 224. Ce qui paraît si positif à nous, ne paraît pas tel à tout le monde, MASS. Carême, Évid. J’arriverai peut-être un jour au pays où il ne manque rien; mais jusqu’à présent personne ne m’a donné de nouvelles positives de ce pays-là, VOLT. Microm. 2. Julie: Vous devez avoir vu clairement qu’elle n’était pas écrite pour vous. – Orgon au marquis: Cela est positif, FAGAN, Pupille, 23. || 2° Qui s’appuie sur les faits, sur l’expérience, sur les notions a posteriori, par opposition à ce qui s’appuie sur les notions a priori. Les sciences positives. Dans les différents travaux de l’esprit, il proscrivait avec sévérité tout ce qui ne tendait pas à la découverte de vérités positives, tout ce qui n’était pas d’une utilité immédiate, CONDORCET, d’Alemb. || Philosophie positive, se dit d’un système philosophique émané de l’ensemble des sciences positives; Auguste Comte en est le fondateur; ce philosophe emploie particulièrement cette expression par opposition à philosophie théologique et à philosophie métaphysique. || 3° Se dit par opposition à ce qui émane de l’imagination, de l’idéal. Sa mère lui avait donné des idées positives; et, quand lord Nelvil vantait les plaisirs de l’imagination et le charme des beaux-arts, elle voyait toujours dans ce qu’il disait les souvenirs de l’Italie, STAEL, Corinne, xix, 4. || Esprit positif, esprit qui recherche en tout la réalité et l’utilité. || On dit encore: c’est un homme positif, c’est un homme dont les idées sont positives; et aussi c’est un homme qui considère en tout l’intérêt. || 4° Il se dit, par opposition à naturel de ce qui est écrit, prescrit. Droit positif. Les lois que nous appelons positives sont faites ou pour confirmer, ou pour expliquer, ou enfin pour perfectionner les lumières de la nature, BOSS. Sermons, justice. J’appellerai la valeur de la monnaie dans ces quatre rapports [métal, titre, poids, empreinte], valeur positive, parce qu’elle peut être fixée par une loi.... MONTESQ. Esp. XXII, 40. Les lois éternelles de la nature et de l’ordre existent; elles tiennent lieu de loi positive au sage, J. j. ROUSS. Ém. v. || Le droit positif divin, tout ce que Dieu a ordonné et qui ne fait pas partie du droit naturel. || Le droit positif humain, ce qui est établi par les lois et les coutumes des hommes. || En matière de religion, cela est de droit positif, cela est fondé sur la discipline de l’Église, et non pas sur l’institution divine. || Théologie positive, et, substantivement, la positive, voy. THÉOLOGIE. Ceux qui traitent la positive, PASC. Prov. v. || 5° Qui existe en fait, par opposition à négatif. Le temps est la négation d’une chose très-réelle et souverainement positive, qui est la permanence de l’être, FÉN. Exist. n, 2, Éternité. La privation des qualités fait le néant; et, pour être, il faut avoir quelque chose de positif, CONDIL. Traité des syst. ch. 8. Le médecin Xénophon, homme supérieur, qui n’aurait pas été, je crois, fort émerveillé de la distinction subtile d’un fameux archiatre de nos jours entre l’assassinat positif et l’assassinat négatif, DIDEROT, Claude et Nér. 1, 33. || Substantivement. Il n’y a de différence entre l’espérance et la crainte que celle du positif au négatif, BUFF. Homme, arithm. morale. || Terme de botanique. Caractères positifs, ceux qui sont .tirés de la présence d’un organe. || Terme d’algèbre. Quantités positives, celles qui sont ou qu’on suppose précédées du signe de l’addition. || Terme de physique. Se dit de l’électricité développée sur le verre. Électricité positive. État positif. || Dans l’hypothèse de Franklin, l’électricité est un fluide unique; l’électricité vitrée est ce fluide en plus; l’électricité résineuse est ce fluide en moins; de là les noms de positif, négatif. || Dans l’hypothèse de deux fluides, le fluide vitré est dit positif, et le fluide résineux est dit négatif. ||l Dans la pile, on nomme éléments positifs les disques de zinc, et pôle positif l’extrémité terminée par un disque de zinc. || Terme de chimie. Positif s’emploie en parlant d’une substance simple ou composée, jouant dans ses combinaisons le rôle positif ou de base, c’est-à-dire se rendant au pôle négatif de la pile, quand le composé est soumis à l’action de cet instrument. Métalloïde positif. Sulfures, chlorures, sels positifs. Substances positives. || En chimie, travail positif, fermentation avec dégagement de chaleur. || Terme de photographie. Épreuve positive, voy. ÉPREUVE. || 6° S. m. Le positif, ce qui est certain, ce sur quoi on peut compter. Le positif est que. La certitude n’étant jamais d’un positif absolu, BUFF. Morceaux choisis, p. 323. || Ce qui est réel, solide, par opposition à ce qui est chimérique, sans fondement. || Ce qui est matériellement avantageux, profitable. Cet homme ne connaît que le positif, tient au positif.
– HIST. XIVe s. Les choses qui sont ordenées par les loys positives sont pour faire et pour causer toute vertu, ORESME, Eth. 446. || XVIe s. Hé pauvre homme!… les règles positifves de ton invention t’occupent et attachent, et les règles de ta paroisse; celles de Dieu et du monde ne te touchent point, MONT.III, 362.
– ÉTYM. Lat. positivus, de positum, supin de ponere, poser (voy. PONDRE). »
RETZ, Mém. – Retz, Mémoires
SÉV. – Madame de Sévigné
BOSS. – Bossuet
MASS. Carême, Évid. – Massillon, Carême. Évidence de la loi de Dieu
VOLT. Microm. – Voltaire, Micromégas
d’Alemb. – d’Alembert
MONTESQ. Esp. – Montesquieu, De l’esprit des lois
ROUSS. Ém. – Jean-Jacques Rousseau, Émile
PASC. Prov. – Pascal, Les Provinciales
CONDIL. – de Condilliac
BUFF. – Buffon
MONT. – Montaigne
Auguste Comte – Исидор Мари Огюст Франсуа Ксавье Конт (1798–1857), французский философ, основоположник позитивизма, родоначальник социологии как науки.
Emile Littré – Эмиль Литтре (1801–1881), французский философ-позитивист, историк и филолог, составитель знаменитого «Словаря французского языка», известного также как «Литтре».