Франция с 1789 года до наших дней. Сборник документов (составитель Паскаль Коши). La France contemporaine, de 1789 a nos jours. Recueil de documents (par Pascal Cauchy) — страница 20 из 35

la Revue des Deux-Mondes, mars 1891

(…) « Incontestablement, il y a là un mouvement, un souffle de générosité et de dévouement. Il semble que cette génération prenne conscience du grand rôle qu’elle pourrait remplir. Et quel rôle ! A l’état de guerre haineuse et violente qui sépare stérilement les enfants du même sol, de parti à parti, de classe à classe, substituer la recherche pacifique et féconde des problèmes posés par la révolution industrielle et économique de ce temps, marcher non plus la revendication ou la répression au poing, mais la main dans la main, dans la large et noble voie du progrès social.

Ce cadre est tout formé, destiné par son essence à exercer la direction temporaire, non pas seulement d’une fraction, de la majorité même, mais de la totalité de la jeunesse; c’est le corps des vingt mille officiers français.

Depuis l’application intégrale du service obligatoire, c’est-à-dire, depuis hier, c’est de vingt à vingt-trois ans, toute la nation, sans exception, qui passe entre ses mains; nul n’y échappe. Il ne s’agit plus ici de tel ou tel groupe de travailleurs; tous, ouvriers de la main et de la pensée, lettrés et ignorants, propriétaires et laboureurs, reçoivent, pendant une période de leur vie, l’emprunte d’un lieutenant, d’un capitaine, d’un colonel. A ce fait tout nouveau doit répondre forcément un développement du rôle de l’officier.

Nul n’est, en effet, mieux placé que l’officier pour exercer sur ses subordonnés une action efficace. En contact immédiat avec eux, il partage entièrement leurs travaux, leurs fatigues, et n’en tire néanmoins aucun profit. Son gain ne dépend pas, comme celui des industriels, de la peine de ses hommes. Leurs intérêts sont, non plus opposés, mais semblables. L’autorité, dont il est investi, repose sur la loi, elle a une sanction. Légale, elle échappe à toute discussion, à tout compromis, lui-même est soumis à cette discipline inflexible. Des règlements précis fixent la limite de ses exigences professionnelles. Tout concourt à dégager son indépendance personnelle et le désintéressement de son action.

C’est donc un merveilleux agent d’action sociale. Quel intérêt n’y auraitil pas, si l’on se place du point de vue dont nous sommes partis, à ce qu’avant tout autre il fût animé de l’amour personnel des humbles, pénétré des devoirs nouveaux qui s’imposent à tous les dirigeants sociaux, convaincu de son rôle d’éducateur, résolu, sans rien modifier à la lettre des fonctions qu’il exerce, à les vivifier par l’esprit de sa mission ?

Et pourtant, il est le seul à qui l’on ne songe pas. (…) »

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Revue des Deux-Mondes – Ревю де Дё Монд, ежемесячный французский литературный журнал. Издавался в Париже с 1829 по 1944 гг., далее с 1945 и по настоящее время под различными названиями. В XIX в. и в первой половине XX в. имел наибольший тираж среди всех французских литературных журналов. В 1982 г. журнал вернул себе первоначальное название.

27L’Eglise et la République: le divorce

La petite bourgeoisie radicale et anticléricale arrivant au pouvoir à la fin des années 1870, le conflit avec l’Eglise catholique devient permanent, malgré le ralliement de certains сatholiques au régime, encouragés par le Pape Léon XIII en 1892. A partir de 1881, les lois sur l’instruction publique et l’université entament fortement les liens entre l’Eglise et l’Etat, liens pourtant pacifiés par le Concordat de 1801. La loi sur « la liberté des associations » de 1901 permet d‘interdire de nombreuses congrégations religieuses en 1903. L’année précédente, 3000 de leurs écoles sont fermées. La voie vers la séparation est ouverte.

LOI DU 9 DÉCEMBRE 1905 CONCERNANT LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT

(Journal officiel du 11 décembre 1905)

Titre premier: Principes

Article premier

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.

Article 2

La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes.

Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.

Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l’article 3.

Titre II: Attribution des biens, pensions

Article 3

Les établissements dont la suppression est ordonnée par l’article 2 continueront provisoirement de fonctionner, conformément aux dispositions qui les régissent actuellement, jusqu’à l’attribution de leurs biens aux associations prévues par le titre IV et au plus tard jusqu’à l’expiration du délai ci-après.

Dès la promulgation de la présente loi, il sera procédé par les agents de l’administration des domaines à l’inventaire descriptif et estimatif:

1° des biens mobiliers et immobiliers desdits établissements;

2° des biens de l’État, des départements et des communes dont les mêmes établissements ont la jouissance.

Ce double inventaire sera dressé contradictoirement avec les représentants légaux des établissements ecclésiastiques ou ceux dûment appelés par une notification faite en la forme administrative.

Les agents chargés de l’inventaire auront le droit de se faire communiquer tous titres et documents utiles à leurs opérations.

(…)

Article 26

Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l’exercice d’un culte.

Article 27

Les cérémonies, processions et autres manifestations extérieures d’un culte, sont réglées en conformité de l’article 97 du Code de l’administration communale.

Les sonneries des cloches seront réglées par arrêté municipal, et, en cas de désaccord entre le maire et le président ou directeur de l’association cultuelle, par arrêté préfectoral.

Le règlement d’administration publique prévu par l’article 43 de la présente loi déterminera les conditions et les cas dans lesquels les sonneries civiles pourront avoir lieu.

(…)

Titre III: Des édifices des cultes

Article 12

Les édifices qui ont été mis à la disposition de la nation et qui, en vertu de la loi du 18 germinal an X, servent à l’exercice public des cultes ou au logement de leurs ministres (cathédrales, églises, chapelles, synagogues, archevêchés, évêchés, presbytères, séminaires), ainsi que leur descendance immobilière, et les objets mobiliers qui les garnissaient au moment où lesdits édifices ont été remis aux cultes, sont et demeurent propriétés de l’État, des départements et des communes.

Pour ces édifices, comme pour ceux postérieurs à la loi du 18 germinal an X, dont l’État, les départements et les communes seraient propriétaires, y compris les facultés de théologie protestante, il sera procédé conformément aux dispositions des articles suivants.

(…)

Article 28

Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions.

(…)

Article 40

Pendant huit années à partir de la promulgation de la présente loi, les ministres du culte seront inéligibles au conseil municipal dans les communes où ils exerceront leur ministère ecclésiastique.

Комментарии

Ralliement m – «Присоединение», движение части французских политических сил прокатолической ориентации навстречу Третьей Республике, начавшееся после издания в 1892 г. энциклики папы Льва XIII Au milieu des sollicitudes.

Concordat m – Конкордат Наполеона, соглашение между папой Пием VII и Французской республикой в лице Первого консула, заключенное 15 июля 1801 г., по которому католицизм был объявлен религией большинства французов. При этом свобода вероисповедания сохранялась, священнослужители назначались и оплачивались государством (предварительно дав клятву верности), а церковь отказывалась от притязаний на возвращение своих земель, конфискованных во время революции.

Article 3 – пункт о судьбе церковного имущества стал одним из главных камней преткновения при реализации закона. Несмотря на возражения папы Пия Х, всё имущество церкви и все связанные с ним обязательства передавались различным религиозным ассоциациям верующих. При этом опись церковного имущества, включая реликвии и мощи, спровоцировала волну акций гражданского неповиновения, организованных верующими.

IVLa Grande Guerre

28La Grande Guerre et les lettres des soldats

Durant quatre années de guerre, la France a mobilisé 7,9 millions d’hommes (la Russie 18 millions). Le courrier des soldats au front est censuré. Mais très vite, compte tenu de l’immense volume de lettres des millions de soldats engagés, il devient impossible de contrôler cette gigantesque correspondance privée. Elle constitue aujourd’hui une source de documentation très précieuse pour connaître le quotidien des soldats et leurs sentiments dans cette guerre qui durera quatre ans. De nombreux centres d’archives départementales ont recueilli cette correspondance, parfois retranscrite et publiée.


Lettre du Sergent Hippolyte ROBERT