Франция с 1789 года до наших дней. Сборник документов (составитель Паскаль Коши). La France contemporaine, de 1789 a nos jours. Recueil de documents (par Pascal Cauchy) — страница 22 из 35

Tous les bons Français doivent souscrire à l’Emprunt. La souscription minima est de 70 fr. 80. On peut la libérer en quatre termes. »

(Publicité sur carte postale, sans date, reproduisant au recto un portrait d’un des chefs militaires français)

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Il reposait sur l’idée que l’Allemagne rembourserait l’effort de guerre – реальные выплаты по репарациям оказались значительно ниже, чем рассчитывало французское правительство. Из суммы в 132 миллиарда золотых марок, назначенной к выплате в 1921 г., Германия выплатила лишь около 20 миллиардов. На долю Франции пришлось около половины репарационных выплат.

L’inflation de l’après-guerre ruina les rentiers et fragilisa toute la classe moyenne française – Финансирование войны и послевоенного восстановления экономики, ликвидация дисбалансов внешней торговли и выплата внешнего долга происходили во Франции, во многом, за счет эмиссии. В результате в первые послевоенные годы ежегодный индекс инфляции не опускался ниже 20%, в 1920 г. достигнув 39%.

31Anciens combattants et mutilés de guerre

La « Grande Guerre » fit près d’1,5 millions de morts en France, et laissa 4,5 millions de blessés dont 400 000 mutilés et invalides. Après la paix, les gouvernements tentèrent d’apporter une aide à un drame humain et social sans précédent. Mais dans un contexte économique mauvais, il fallut trouver des solutions. Des emplois furent réservés. Le document ci-dessous rappelle que l’Etat a le monopole de la vente des tabacs. Un emploi de buraliste est disponible dans un village de la Haute-Marne.


« République française

Département de la Haute-Marne


Comité départemental des mutilés et réformés de la guerre

Chaumont, le 7 juillet 1925

Le préfet de la Haute-Marne à
MM. les Maires du Département

En exécution de paragraphe 5 de l’Art. 5 de la loi du 30 janvier 1923, sur les emplois réservés, je vous serai obligé de faire publier et afficher à la date du Dimanche 10 juillet 1925, avis de la vacance de la recette de buraliste de FRETTES, 2e Classe, 2e Catégorie.

Dans un délai d’un mois, à partir de cette publication et de cet affichage, les invalides de Guerre, domiciliés dans le département, classés pour cet emploi ou pour un emploi de même catégorie, pourront poser leur candidature à cette recette.

A cet effet, ils adresseront leur demande avec pièces justificatives au Comité Départemental qui opérera le classement dans les délais prescrits.

Le Préfet

M. de Veulle »

VL’entre-deux-guerres

32Le 6 février 1934

Le 6 février 1934 est une date importante dans l’histoire politique de la IIIe République. La tension politique est à son comble. Plongée dans la crise mondiale, la France voit sa population fragilisée, en particulier ses classes moyennes. L’arrivée de Hitler au pouvoir montre que les bénéfices attendus des sacrifices de la Grande guerre sont définitivement perdus. L’instabilité parlementaire ajoute à la confusion et les scandales politico-financiers accentuent l’exaspération. Une affaire d’escroquerie, connue sous le nom de « l’Affaire Stavisky », met en difficulté le gouvernement et le parlement. Les associations d’anciens combattants et des mouvements antiparlementaires, comme l’Action française monarchiste, se retrouvent dans une manifestation dont le point de convergence est la Chambre des députés. Sur la place de la Concorde, la manifestation tourne à l’émeute. La police ouvre le feu. Le bilan est lourd: 16 morts et plus de 650 blessés. Sans être une tentative de coup d’Etat, la manifestation du 6 février a réveillé les consciences politiques à gauche comme à droite. A gauche, la dynamique de rassemblement est à l’œuvre et aboutira au « Front Populaire », à droite, plusieurs mouvements se radicalisent. Une commission d’enquête parlementaire est créée pour mieux comprendre l’événement et, éventuellement, définir des responsabilités.

« Rapport général fait au nom de la Commission d’enquête chargée de rechercher les causes et les origines des événements du 6 février 1934 », par Marc Rucart, député
Paris, imprimerie de la Chambre des députés, 1934

« Audition sous serment de mademoiselle Supmt, infirmière, qui, ayant appris le 6 février 1934, par les journaux du matin, l’organisation d’une manifestation, décida de prêter son aide en cas de besoin après son service. Elle fut bloquée place de la Concorde vers 20h30.

(…) La foule refluait de la Place de la Concorde en criant: « On tire ! » je vis alors sortir de la foule un homme ensanglanté, soutenu par deux autres (…)

Les gardes ont chargé sur les trottoirs et matraquaient la foule. Etaitce des gardes mobiles ou d’autres ? Je ne puis le dire car il ne faisait pas assez clair, et je ne voyais pas la couleur des bâtons. On ne voyait rien. On entendait seulement les cris de la foule: Assassins ! Assassins !

Nous avons donc travaillé jusqu’à 11h45. Nous n’avons reçu aucun blessé par balle. J’ai appris plus tard qu’ils avaient été évacués par les voitures qui sillonnaient la place. Nous n’avons reçu que des blessés par coups de matraques. Les uns avaient le cuir chevelu très décollé; les autres étaient seulement « choqués »; d’autres étaient très affaissés.

(…) A un moment donné nous avons entendu une clameur d’épouvante. On a crié que les matraqueurs étaient entrés dans le restaurant (Weber, rue Royale). Une dame et un vieillard ont été blessés derrière la glace sans tain qui sépare l’entrée de la salle à gauche. C’est dans la salle de droite qu’était l’ambulance. Les consommateurs étaient restés dans la salle de gauche, qui s’était remplie de rescapés de la rue fuyant les matraqueurs et poussant des cris d’horreur. Nous avons constamment travaillé sous les cris: « Assassins ! », « Assassins ! », qui nous apprenaient ce qui se passait au dehors.

(…) La place de la Concorde avait l’apparence très curieuse d’une arène, le sol très brillant, patiné par le passage des chevaux. La place, en même temps, était sombre. L’avenue Gabriel était complètement sombre. Beaucoup de réverbères étaient éteints. Le nombre des lumières avait certainement diminué et celles qui restaient n’avaient plus la même intensité.

Un groupe d’agents se tenait près de trois voitures du 19e train. Un corps de police se trouvait devant la statue de Strasbourg, à l’endroit où le trottoir tourne pour rejoindre la rue de Rivoli. Vers l’Obélisque, il y avait encore un groupe d’agents et une voiture d’ambulance avec trois soldats du train. Nous avons demandé à ces agents s’ils avaient des blessés. Ils ont répondu qu’ils n’avaient que des blessés légers.

Sur la vasque de la fontaine située entre l’obélisque et la rue Royale, il y avait un groupe de gens contre les statues. Cela m’a fait dire: tiens, les statues qui remuent ! En effet, les gens étaient adhérents aux statues. Ils se maintenaient serrés sous la vasque.

Il y avait des groupes de gens depuis l’avenue Gabriel jusqu’au Coursla-Reine, une masse noire qui s’enfonçait dans l’avenue des Champs-Elysées, et un groupe appuyé au cheval de Marly qui est du côté de l’ambassade des Etats-Unis. On distinguait quelques personnes entre l’avenue Gabriel, les Champs-Elysées et l’Obélisque.

M. le Président: Quelle heure était-il ?

Mlle Sumpt: 23h 5.

M. le Président: Avez-vous assisté à des charges ?

Mlle Sumpt: Non, à aucune.

M. le Président: Et après, vous êtes restée jusqu’à quelle heure ?

Mlle Sumpt: Jusqu’à minuit et demi.

Nous avons ramassé un homme matraqué, seul près de la fontaine. Il y avait là trois gardes mobiles qui étaient en train de l’assommer. Nous l’avons dégagé. Nous avons pu le mettre dans une voiture qui l’a emmené à Beaujon.

A 11h10 nous avons vu trois manifestants, un petit garçon, un homme en pardessus et un ouvrier en casquette, une espèce d’artisan. Ils étaient en train de jeter des pierres sur la police. Nous leur avons dit de ne pas jeter des pierres: « Ou bien cela ne finira jamais, car les agents chargeront et ainsi de suite. » Alors l’ouvrier a dit: « Elle ne sait pas la petite dame – Comment je ne sais pas ? J’ai fait la guerre ! Si vous croyez que les agents sont là pour s’amuser – Mais ça fait deux heures qu’ils nous tirent dessus. Ah ! Elle ne sait pas la petite dame ! … »

J’avais arraché un morceau de fonte de la main du petit garçon. Ils sont partis.

Les gardes barraient le pont. Sur la place, la ligne de la troupe était coupée en deux par la fontaine. Devant l’entrée des Tuileries à peu près, il y avait comme une petite barricade formée par des dalles que l’on avait levées pour refaire les terre-pleins. En rejoignant sa ligne, sur la gauche, un garde s’est écrasé contre l’angle de l’Obélisque qui regarde le Cours-la-Reine. Le cheval s’est pris les jambes dans la grille et le cavalier est tombé.

M. le Président: A ce moment, vous avez assisté à une charge ?

Mlle Sumpt: A une seule, monsieur le Président !

Alors le tir s’est déclenché. Un journaliste est venu. Des balles frappaient contre la voiture.

M. le Président: Vous avez entendu les balles siffler ?

Mlle Sumpt: Cinq ou six fois. Cela partait du pont. Les balles frappaient les autocars qui étaient devant la statue de Strasbourg. Une voie forte a crié: l’infirmière! On m’a apporté un corps. C’était Rossignol qui a rendu le dernier soupir devant moi. La balle était entrée par le poumon et avait coupé la branche droite de l’aorte. Ses yeux étaient fermés. Les prunelles n’avaient plus de réaction.

M. le Président: Il a été frappé par derrière ?