Франция с 1789 года до наших дней. Сборник документов (составитель Паскаль Коши). La France contemporaine, de 1789 a nos jours. Recueil de documents (par Pascal Cauchy) — страница 30 из 35

VIIILes débuts et l’évolution de la Ve République

45Charles de Gaulle, discours à Moscou, le 30 juin 1966

Président de la Ve République qu’il a fondée sept ans plus tôt, Charles de Gaulle développe une intense activité internationale. Elle est, entre autres, marquée par une prise de distance avec les Etats-Unis et leurs alliés sans pour autant rompre l’alliance fondamentale. Cette attitude est confirmée par le retrait de la France, nouvelle puissance atomique, du commandement intégré de l’OTAN en 1966. Voulant une politique étrangère autonome, de Gaulle prône une conciliation entre l’Est et l’Ouest. C’est dans cet esprit qu’il effectue un voyage en URSS qui inaugurera des rapports privilégiés avec les dirigeants soviétiques et une coopération scientifique active.

Le général de Gaulle prononce une allocution diffusée par la radio et la télévision soviétiques

« La visite que j’achève de faire à votre pays c’est une visite que la France de toujours rend à la Russie de toujours. Depuis les temps très lointains où naquirent nos deux nations, elles n’ont jamais cessé d’éprouver l’une pour l’autre un intérêt et un attrait tout à fait particuliers.

En France, les Russes ont toujours été très populaires. Aussi, en venant vous voir, il m’a semblé, que ma démarche et votre réception étaient inspirées par une considération et une cordialité réciproques, que n’ont brisées, depuis des siècles, ni certains combats d’autrefois, ni des différences de régime, ni des oppositions récemment suscitées par la division du monde. Au contraire, l’estime que nous nous portons a grandi à mesure des expériences vécues et des épreuves traversées. Voilà pourquoi, en passant à Moscou, à Novossibirsk, à Leningrad, à Kiev, à Volgograd, en survolant vos plaines, vos fleuves, vos forêts, vos montagnes, en voyant près de moi vos hommes, vos femmes, vos enfants, j’étais rempli d’une émotion qui me venait du fond de l’Histoire.

Cette émotion, je la ressens au plus haut point en ce moment même. Car me voici devant vous tous pour saluer le peuple russe au nom du peuple français. Après l’immense transformation déclenchée chez vous par votre révolution depuis près de cinquante ans, au prix de sacrifices et d’efforts gigantesques; puis après le drame terrible que fut pour vous la guerre gagnée il y a plus de vingt années et dont la part que vous y avez prise a porté l’Union Soviétique au plus haut degré de la puissance et de la gloire; enfin, après votre reconstruction succédant à tant de ravages, nous vous voyons vivants, pleins de ressort, progressant sur toute la ligne, au point que vous êtes tout près d’envoyer des vôtres dans la lune. D’ailleurs, c’est en connaissance de cause que le peuple français mesure vos mérites et vos réussites. Car depuis tantôt deux siècles il a connu, lui aussi, les secousses des grandes batailles, des invasions et des révolutions; il a subi, lui aussi, lors des deux guerres mondiales, et ensuite durement réparé, d’énormes pertes humaines et matérielles; il accomplit actuellement, lui aussi, une profonde rénovation économique, scientifique et technique. Certes, nous ne faisons pas tout cela, vous et nous, de la même façon et les moyens que nous y employons sont souvent très différents. Mais, au total, votre destin et le nôtre sont semblables et conjugués. Soviétiques et Français, nous pouvons nous donner la main.

C’est dire que, dans le monde et à l’époque d’aujourd’hui, nos deux pays ont à faire ensemble beaucoup de choses de premier ordre. Or, ces choseslà sont, non point du tout destructrices ou menaçantes, mais constructives et pacifiques. Il s’agit tout d’abord de faire avancer notre développement respectif en multipliant nos échanges dans tous les domaines. En effet, si la France et l’Union Soviétique, chacune de son côté, ont ce qu’il leur faut pour vivre, il est clair, qu’en s’aidant l’une l’autre, elles ont à gagner beaucoup. Il s’agit aussi de mettre en œuvre successivement: la détente, l’entente et la coopération dans notre Europe tout entière, afin qu’elle se donne à elle-même sa propre sécurité après tant de combats, de ruines et de déchirements. Il s’agit, par-là, de faire en sorte que notre ancien continent, uni et non plus divisé, reprenne le rôle capital qui lui revient, pour l’équilibre, le progrès et la paix de l’univers.

(Suite de la déclaration en langue russe)

A chaque homme et à chaque femme russes qui m’entendent et me regardent, j’adresse de tout cœur mes remerciements pour le magnifique accueil qui m’a été fait ici par le peuple et par ceux qui ont la charge de le conduire. A chacune et à chacun de vous, j’exprime mes meilleurs souhaits pour sa vie, pour celle des siens, pour celle de son pays. A tous, je dis que la France nouvelle est l’amie de la Russie nouvelle.

Vive l’Union Soviétique ! Vive l’amitié de la Russie et de la France ! »

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Визит Шарля де Голля в СССР состоялся с 20 июня по 1 июля 1966 г. Он посетил 5 городов и побывал на космодроме Байконур, где наблюдал за стартом ракеты. Свои впечатления от поездки президент Франции выразил в телеобращении к советскому народу, в конце которого произнес несколько фраз по-русски.

46«Les Trente Glorieuses» (1946-1975)

Dans la première partie de son ouvrage, Les Trente Glorieuses ou la Révolution invisible (1946–1975), l’économiste Jean Fourastié (19071990) compare deux villages et les importants contrastes socio-économiques qui les séparent: Madère pourrait appartenir à un pays en voie de développement, Cessac présente tous les signes d’une économie industrielle et tertiaire. L’auteur révèle à la fin de son analyse que ces deux villages n’en sont qu’un seul, Douelle, mais à deux dates différentes: 1946 et 1975. Le village a été transformé par trente années de développement économique, qualifiées de « Trente Glorieuses.»

Jean Fourastié, Les Trente Glorieuses ou la Révolution invisible (1946–1975), 1979

«Ne doit-on pas dire glorieuses les trente années qui séparent Madère de Cessac, et ont fait passer Douelle et la France de la pauvreté millénaire, de la vie végétative traditionnelle, aux niveaux de vie et aux genres de vie contemporains ? A meilleur titre cependant que « les trois glorieuses » de 1830 qui, comme la plupart des révolutions, ou bien substituent un despotisme à un autre, ou bien, et ce sont de meilleurs cas, ne sont qu’un épisode entre deux médiocrités (…).

Libre à quelques adolescents sympathiques mais mal informés, bénéficiant du niveau et du genre de vie actuels de la France, de l’hygiène, de la santé, de la Sécurité Sociale, et de tous les moyens modernes de transport, d’information, de communication… de critiquer, voire de détester la « société de consommation ». Après les descriptions qu’on vient de lire, leurs opinions et leurs sentiments paraissent hâtifs. En fait, les peuples ont toujours ardemment désiré échapper aux pauvretés, aux duretés, aux misères traditionnelles; aucun n’a pu le faire plus rapidement et plus nettement que la France en ce troisième quart du XXème siècle (…). Et l’écart qui sépare Cessac de Madère, et plus encore du Douelle de 1830 et de 1750, l’élévation de l’espérance de vie, la réduction de la morbidité et des souffrances physiques, la possibilité matérielle pour l’homme moyen d’accéder aux formes naguère inaccessibles de l’information, de l’art, de la culture, suffit, même si cet homme moyen s’avère souvent indigne de ces bienfaits, à nous faire penser que la réalisation au XXème siècle du Grand Espoir de l’Humanité est une époque glorieuse dans l’histoire des hommes.

Mais il n’en est pas moins certain que cette étape glorieuse ne débouche pas sur un arrêt de l’histoire, ne débouche pas sur un avenir figé par l’avènement d’une prospérité permanente et d’un bonheur immuable. (…) Nous savons bien que la condition humaine reste tragique, et qu’elle sera peut-être même d’autant plus ressentie comme telle que l’homme disposera de plus de temps pour s’informer, pour comprendre (pour tenter de comprendre) et pour réfléchir. (…)»

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«Les Trente Glorieuses» – «Славное тридцатилетие», термин, введенный французским экономистом Жаном Фурастье в 1979 г. для обозначения значительных экономических и социальных изменений 1946–1975 гг., произошедших в западных странах и приведших к формированию общества потребления. Считается, что термин использован по аналогии с «Тремя славными днями» Июльской революции во Франции (27–29 июля 1830 г.)

47Mai 1968

Mai 1968 fut un mouvement de contestation principalement étudiant et parisien dont le point de départ est situé dans la nouvelle université de Nanterre, le 22 mars 1968. Il s’inscrit dans une période forte de prospérité et de transformation de la société occidentale. Il existe cependant un contexte international de la contestation, marqué par la guerre du Viêt-Nam, la lutte contre la ségrégation aux Etats-Unis et les mouvements sur les campus universitaires de Californie. Le mouvement américain touche l’Europe au milieu des années 60, et concerne la génération dite du baby-boom, née après la guerre mondiale. Révolution culturelle davantage que révolution sociale, Mai 68 est un marqueur des transformations de la société française. Malgré des slogans révolutionnaires marxistes, le mouvement français peine à rencontrer le monde ouvrier dans un pays où le Parti communiste pèse encore près de 22% des voix.

Tract du « mouvement du 22 mars » appelant à la convergence des luttes ouvrières et étudiantes

« VOTRE LUTTE EST LA NOTRE !

Nous occupons les facultés, vous occupe