Франция с 1789 года до наших дней. Сборник документов (составитель Паскаль Коши). La France contemporaine, de 1789 a nos jours. Recueil de documents (par Pascal Cauchy) — страница 34 из 35

idèles aux valeurs de la France. Face aux violences des dernières semaines, face aux souffrances et aux difficultés de tant de nos concitoyens, notamment parmi les plus vulnérables, la première nécessité, c’est de rétablir l’ordre public. J’ai donné au Gouvernement les moyens d’agir. J’ai notamment décidé de proposer au Parlement de proroger, pour une durée limitée, l’application de la loi du 3 avril 1955. Ceux qui s’attaquent aux biens et aux personnes doivent savoir qu’en République on ne viole pas la loi sans être appréhendé, poursuivi et sanctionné. Et je veux rendre hommage aux forces de l’ordre, aux policiers, aux gendarmes, aux pompiers, aux maires et aux élus, aux magistrats, aux travailleurs sociaux, aux enseignants, aux associations qui se sont mobilisés pour ramener le calme et la tranquillité. Ils font honneur à la République.

Des problèmes, des difficultés, beaucoup de Français en ont. Mais la violence ne règle jamais rien. Quand on appartient à notre communauté nationale, on en respecte les règles.

Les enfants, les adolescents ont besoin de valeurs, de repères. L’autorité parentale est capitale. Les familles doivent prendre toute leur responsabilité. Celles qui s’y refusent doivent être sanctionnées, comme la loi le prévoit. Celles qui connaissent de grandes difficultés doivent en revanche être activement soutenues.

Ce qui est en jeu c’est le respect de la loi mais aussi la réussite de notre politique d’intégration. Il faut être strict dans l’application des règles du regroupement familial. Il faut renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière et les trafics qu’elle génère. Il faut intensifier l’action contre les filières de travail clandestin, cette forme moderne de l’esclavage. Mais l’adhésion à la loi et aux valeurs de la République passe nécessairement par la justice, la fraternité, la générosité. C’est ce qui fait que l’on appartient à une communauté nationale. C’est dans les mots et les regards, avec le cœur et dans les faits, que se marque le respect auquel chacun a droit. Et je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu’ils sont tous les filles et les fils de la République.

Nous ne construirons rien de durable sans le respect. Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter, d’où qu’ils viennent, le racisme, l’intolérance, l’injure, l’outrage. Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les discriminations.

Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n’assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C’est une richesse et c’est une force. (…)

Nous le savons bien, les discriminations sapent les fondements même de notre République. Une Haute autorité de lutte contre les discriminations a été créée. Ses pouvoirs sont considérables, puisqu’elle pourra désormais infliger des sanctions. Mais ne nous y trompons pas. Ce combat ne pourra être gagné que si chacune et chacun d’entre nous s’y engage vraiment et personnellement.

Les entreprises et les organisations syndicales doivent se mobiliser aussi sur la question essentielle de la diversité et de l’emploi des jeunes issus des quartiers en difficulté. Il n’est pas question d’entrer dans la logique des quotas, qui montre en quelque sorte du doigt ceux qui en bénéficient et qui est injuste pour ceux qui n’y ont pas droit. Il s’agit de donner aux jeunes les mêmes chances face à l’emploi. Combien de Curriculum Vitae passent encore à la corbeille en raison du nom ou de l’adresse de l’intéressé ? Je rencontrerai sur cette question les représentants des partenaires sociaux dans les prochains jours.

Pour mieux aider les jeunes, notamment les jeunes en difficulté, à aller vers l’emploi, j’ai décidé de créer un service civil volontaire, associant accompagnement et formation. Il concernera 50.000 jeunes en 2007.

J’appelle aussi tous les représentants des communes à respecter la loi qui leur impose d’avoir 20 % au moins de logements sociaux. Oh, j’ai conscience des difficultés ! Mais on ne sortira pas de la situation actuelle, si l’on ne met pas en cohérence les discours et les actes.

Je rencontrerai également l’ensemble des responsables de l’audiovisuel. Les médias doivent mieux refléter la réalité française d’aujourd’hui.

Et j’invite les chefs des partis politiques à prendre leur part de responsabilité: les élus, la représentation nationale doivent eux aussi refléter la diversité de la France. C’est une exigence pour faire vivre notre démocratie.

Mes chers compatriotes,

Soyons lucides. Soyons courageux. Sachons tirer toutes les leçons de cette crise. Chacun doit respecter les règles, chacun doit savoir que l’on ne viole pas impunément la loi. Mais sachons aussi nous rassembler pour agir dans la fidélité aux principes qui font la France: la communauté nationale tout entière en sortira meilleure et plus forte.

Et vous pouvez compter sur ma détermination.

Vive la République ! Vive la France ! »

Комментарии

la loi du 3 avril 1955 – закон «О чрезвычайном положении» был принят 3 апреля 1955 г. первоначально как мера противодействия «Фронту национального освобождения Алжира». Действует и сегодня, с учетом внесенных поправок и дополнений.

53La crise de la démocratie représentative

A la fin du siècle, on observe une désaffection des Français pour l’élection. Même si l’élection présidentielle au suffrage universel direct demeure l’élection « reine », les taux d’abstention augmentent à chaque scrutin. Non seulement les partis traditionnels font les frais de cette désaffection mais aussi les syndicats. C’est toute la légitimité de la démocratie représentative qui est ainsi remise en cause. Observateur avisé de la vie politique française, l’historien René Rémond (1918-2007), président de la Fondation nationale des sciences politiques, en fait le constat. Aujourd’hui encore, il est d’usage d’évoquer le « déficit démocratique » et de lui opposer, de façon un peu utopique, la « démocratie participative » censée associer les citoyens à la décision politique.

René Rémond, « La crise de la représentation », in Etudes, décembre 1997

« Ce qui, dans la pratique actuelle de la démocratie, est généralement critiqué, c’est la représentation: si crise de la démocratie il y a, elle ne vise pas son essence ni ses fondements, mais sa forme représentative. Naguère, les citoyens acceptaient sans discuter le principe de la délégation de leur pouvoir aux représentants qu’ils élisaient: ils ne s’en satisfont plus; ils ne se considèrent plus comme pleinement représentés par ceux qu’ils ont cependant choisis à cette fin. La crise de la représentation ne frappe pas seulement les politiques, elle affecte toutes les formes de représentation auxquelles on fait le même grief d’interposer un écran entre la base et les dirigeants, et de confisquer la décision. Les citoyens entendent, sans bien savoir comment la chose peut être possible, être informés, consultés, associés à la décision. D’où la faveur qui s’attache à toute forme de démocratie directe ou semi-directe, en particulier pour la désignation des détenteurs du pouvoir, manifestée par les taux de participation qui sont les plus élevés pour cette sorte de désignation, comme, en France, celle du président de la République (…)

Qu’il y ait dans cette aspiration une part d’utopie n’est pas douteux, mais il est vrai aussi que subsistent dans nos pratiques toutes sortes de limitations qui sont des survivances d’un temps où les sociétés libérales se méfiaient du suffrage populaire et avaient adopté des dispositions pour en contrôler les effets (…) Cette aspiration nouvelle et forte à une participation plus étroite invite à un effort d’imagination pour concevoir et mettre en œuvre des modes de communication et des types de consultation qui réduisent l’écart, sans doute inévitable mais assurément trop grand, entre l’ensemble des citoyens et ceux auxquels la démocratie confie la responsabilité de gérer les affaires publiques et d’arrêter les décisions qui engagent le destin collectif (…) »

Комментарии

les taux d’abstention augmentent à chaque scrutin… – уровень абсентеизма (число не пришедших голосовать) на парламентских выборах 2017 г. составил 51,2% от общего числа французских избирателей, что более чем на 8 пунктов превысило аналогичный показатель на парламентских выборах 2012 г. (42,7%).

René Rémond – Рене Ремон (1918–2007), крупнейший французский исследователь политической, интеллектуальной и религиозной истории Франции XIX и XX веков. Является автором более 30 книг и множества статей, среди которых наибольшую известность получила работа «Правые во Франции», где впервые была представлена общая картина идеологии различных правых группировок с 1815 г. до наших дней, прослежено их восхождение к трем историческим традициям (легитимистской, орлеанистской и бонапартистской), а также показана специфика разделения на «правых» и «левых» во французском общественном мнении. Работы Р. Ремона способствовали активизации изучения современной политической истории и стали в 70-е гг. XX в. одним из фундаментов развития французской политологии. В 1978 г. Р. Ремон участвовал в создании Института современной истории (Institut d’histoire du temps présent) и с 1979 по 1990 гг. был его первым президентом. С 1981 по 1989 гг. Р. Ремон возглавлял Национальный фонд политических наук (Fondation nationale des sciences politiques), с 1988 г. был президентом Высшего совета архивов Франции. В 1998 г. он избран во Французскую академию. В честь Р. Ремона названо одно из зданий парижского Института политических исследований (Institut d’études politiques de Paris).