Французский язык с Ш. Перро. Сказки Матушки Гусыни — страница 31 из 35


D'abord on allait du côté de la plus belle (сперва устремлялись в сторону более красивой) pour la voir (чтобы ее видеть) et pour l'admirer (и чтобы ею восхищаться), mais bientôt après (но вскоре после этого), on allait à celle (шли к той) qui avait le plus d'esprit (у которой было больше ума), pour lui entendre dire mille choses agréables (чтобы от нее слышать тысячу приятных вещей: «слышать, как она говорит…»), et on était étonné (и можно было удивляться/люди бывали удивлены) qu'en moins d'un quart d'heure (что менее, чем через четверть часа) l'aînée n'avait plus personne auprès d'elle (у старшей не было больше никого при ней), et que tout le monde s'était rangé autour de la cadette (и что все: «весь мир» расположился вокруг младшей). L'aînée, quoique fort stupide (старшая, хоть и очень глупая), le remarqua bien (замечала это вполне), et elle eût donné sans regret toute sa beauté (и она отдала бы без сожаления всю свою красоту) pour avoir la moitié de l'esprit de sa sœur (чтобы иметь половину ума своей сестры). La reine (королева), toute sage qu'elle était (как ни была разумна; tout — весь; совсем, совершенно; sage — мудрый), ne put s'empêcher de lui reprocher (не могла воздержаться ее упрекнуть) plusieurs fois sa bêtise (много раз в ее глупости), ce qui pensa faire mourir de douleur (что едва не заставляло умирать от боли; penser — думать; быть едва не…, чуть ли не…, устар.) cette pauvre princesse (эту бедную принцессу).


D'abord on allait du côté de la plus belle pour la voir et pour l'admirer, mais bientôt après, on allait à celle qui avait le plus d'esprit, pour lui entendre dire mille choses agréables, et on était étonné qu'en moins d'un quart d'heure l'aînée n'avait plus personne auprès d'elle, et que tout le monde s'était rangé autour de la cadette. L'aînée, quoique fort stupide, le remarqua bien, et elle eût donné sans regret toute sa beauté pour avoir la moitié de l'esprit de sa sœur. La reine, toute sage qu'elle était, ne put s'empêcher de lui reprocher plusieurs fois sa bêtise, ce qui pensa faire mourir de douleur cette pauvre princesse.


Un jour qu'elle s'était retirée dans un bois (однажды, когда она удалилась в лес) pour y plaindre son malheur (чтобы там поплакать о своем несчастье; plaindre — жалеть; устар. оплакивать), elle vit venir à elle un petit homme (она увидела, как подошел к ней маленький человек) fort laid et fort désagréable (очень некрасивый и очень неприятный), mais vêtu très magnifiquement (но одетый весьма пышно). C'était le jeune prince Riquet à la houppe (это был молодой принц Рике с хохолком), qui étant devenu amoureux d'elle (который став влюбленным = влюбился в нее) d'après ses portraits (по ее портретам) qui couraient par tout le monde (которые распространены были по всему миру; courir — бегать), avait quitté le royaume de son père (оставил королевство своего отца) pour avoir le plaisir de la voir (чтобы иметь удовольствие ее видеть) et de lui parler (и с ней говорить).


Un jour qu'elle s'était retirée dans un bois pour y plaindre son malheur, elle vit venir à elle un petit homme fort laid et fort désagréable, mais vêtu très magnifiquement. C'était le jeune prince Riquet à la houppe, qui étant devenu amoureux d'elle d'après ses portraits qui couraient par tout le monde, avait quitté le royaume de son père pour avoir le plaisir de la voir et de lui parler.


Ravi de la rencontrer ainsi toute seule (в восторге от того, встретил ее так совсем одну), il l'aborde avec tout le respect (он ей представился со всем уважением; aborder — обратиться/ккому-либо/, заговорить/скем-либо/) et toute la politesse imaginables (и всей вообразимой вежливостью). Ayant remarqué (заметив), après lui avoir fait les compliments ordinaires (после того, как он ей сделал обычные комплименты), qu'elle était fort mélancolique (что она была очень грустная), il lui dit (он ей сказал): «Je ne comprends point (я не понимаю вовсе), madame, comment quelqu'un aussi belle que vous l'êtes (как кто-то столь красивый, как вы) peut être aussi triste (может быть таким печальным) que vous le paraissez (какой вы мне кажетесь), car, quoique je puisse me vanter (так как, хотя я могу похвалиться; vanter — хвалить) d'avoir vu une infinité de belles personnes (что я видел множество прекрасных особ), je puis dire (я могу сказать) que je n'en ai jamais vu (что я из них никогда не видел; jamais — никогда) dont la beauté approche de la vôtre (/никого/ чья красота приближается к вашей).» — «Cela vous plaît à dire (это вам так угодно говорить; plaîre — нравиться), monsieur», lui répondit la princesse (ему ответила принцесса), et en demeure là (и больше ничего не могла придумать: «на этом останавливается»; demeurer — пребывать). — «La beauté», reprit Riquet à la houppe (красота, продолжил Рике с хохолком; reprendre — брать снова; продолжать) «est un si grand avantage (столь великое благо, avantage, m — преимущество) qu'il doit tenir lieu (что она может заменить; devoir — быть должным; tenir lieu de — быть вместо чего-либо, заменять что-либо: «держать место») de tout le reste (все остальное), et quand on le possède (и когда ею обладаешь), je ne vois pas (я не вижу) qu'il y ait rien (что будет иметься что-то) qui puisse nous affliger beaucoup (что смогло бы вас особенно опечалить; affliger — огорчать).» — «J'aimerais mieux (я предпочла бы)», dit la princesse (сказала принцесса), «être aussi laide que vous (быть столь же некрасивой, как вы) et avoir de l'esprit (и иметь ум), que d'avoir de la beauté comme j'en ai (чем иметь красоту, какая есть у меня), et être bête autant que je le suis (и быть столь же глупой, как я).» — «Il n'y a rien (ничто не служит: «нет ничего»; il y a — имеется; rien — ничего), madame, qui marque davantage qu'on a de l'esprit (более верным признаком ума: «что отмечает = показывает больше, что у человека есть ум»; marquer — отмечать; davantage — больше), que de croire n'en pas avoir (как мысль о его отсутствии: «как полагать, что его не имеешь»; croire — верить; полагать, думать), et il est de la nature de ce bien-là (и такова уж природа этого блага = дара), que plus on en a, plus on croit en manquer (что чем больше его у нас, тем больше мы полагаем, что испытываем в нем нехватку).» — «Je ne sais pas cela (я не знаю этого)», dit la princesse (сказала принцесса), «mais je sais bien (но я хорошо знаю; savoir — знать) que je suis fort bête (что я весьма глупа), et c'est de là que vient le chagrin (и именно от этого происходит печаль; venir — приходить) qui me tue (которая меня убивает).» — «Si ce n'est que cela (если только это), madame, qui vous afflige (вас огорчает), je puis aisément mettre fin à votre douleur (я могу легко положить конец вашей боли; mettre — класть; fin, f — конец).» — «Et comment ferez-vous (и как вы сделаете)?" dit la princesse. — «J'ai le pouvoir, madame (у меня есть способность, мадам)», dit Riquet à la houppe, «de donner de l'esprit (дать ум) autant qu'on en saurait avoir (столько, сколько вообще возможно иметь; savoir — знать; мочь) à la personne que je dois aimer le plus (тому человеку, кого я полюблю: «должен любить» больше всего), et comme vous êtes, madame, cette personne (и так как вы, мадам, этот человек), il ne tiendra qu'à vous (это зависит только от вас; tenir — держать; tenir à — зависеть) que vous n'ayez autant d'esprit (чтобы у вас было столько ума) qu'on en peut avoir (сколько вообще возможно: «сколько его можно иметь»; pouvoir — мочь), pourvu que vous vouliez bien m'épouser (лишь бы только вы захотели выйти = согласились за меня замуж; épouser — выходить замуж, жениться).»


Ravi de la rencontrer ainsi toute seule, il l'aborde avec tout le respect et toute la politesse imaginables. Ayant remarqué, après lui avoir fait les compliments ordinaires, qu'elle était fort mélancolique, il lui dit: «Je ne comprends point, madame, comment quelqu'un aussi belle que vous l'êtes peut être aussi triste que vous le paraissez, car, quoique je puisse me vanter d'avoir vu une infinité de belles personnes, je puis dire que je n'en ai jamais vu dont la beauté approche de la vôtre.» — «Cela vous plaît à dire, monsieur», lui répondit la princesse, et en demeure là. — «La beauté», reprit Riquet à la houppe, «est un si grand avantage qu'il doit tenir lieu de tout le reste, et quand on le possède, je ne vois pas qu'il y ait rien qui puisse nous affliger beaucoup.» — «J'aimerais mieux», dit la princesse, «être aussi laide que vous et avoir de l'esprit, que d'avoir de la beauté comme j'en ai, et être bête autant que je le suis.» — «Il n'y a rien, madame, qui marque davantage qu'on a de l'esprit, que de croire n'en pas avoir, et il est de la nature de ce bien-là, que plus on en a, plus on croit en manquer.» — «Je ne sais pas cela», dit la princesse, «mais je sais bien que je suis fort bête, et c'est de là que vient le chagrin qui me tue.» — «Si ce n'est que cela, madame, qui vous afflige, je puis aisément mettre fin à votre douleur.» — «Et comment ferez-vous?" dit la princesse. — «J'ai le pouvoir, madame», dit Riquet à la houppe, «de donner de l'esprit autant qu'on en saurait avoir à la personne que je dois aimer le plus, et comme vous êtes, madame, cette personne, il ne tiendra qu'à vous que vous n'ayez autant d'esprit qu'on en peut avoir, pourvu que vous vouliez bien m'épouser.»


La princesse demeura toute interdite (