48 personnes, parmi lesquelles on compte 18 gentilshommes presque tous d’ un rang éminent; 2 chevaliers de Malte; un avocat d’ un mérite rare; 4 médecins; 2 chirurgiens, 7 à 8 banquiers ou négociants ou qui l’ ont été; 2 ecclésiastiques; 3 moines.
C. 89. respect aveugle qui est dû au gouvernement: n’avons-nous pas dit que tout action, même toute pensée qui tend à troubler l’ ordre de la société, était contraire à l’ harmonie de la nature…
seigneur du château, sans apprêt, comme sans inquiétude ne paraît que pour maintenir l’ ordre et recevoir l’ hommage.
C. 91. On me demanda des règlements pour cette société, à laquelle on donna d’ abord, bien malgré moi, la ridicule denomination de loge.
C. 93. il y a bien des aimables de Paris qui aimeraient autant Bergassiser que mesmériser.
C. 94. J’ai renversé toutes les bases de son système et j’ai élevé sur les ruines de ce système un édifice, je crois, beaucoup plus vaste et plus solidement construit.
la morale universelle, sur les principes de la législation, sur l’ éducation, les mœurs, les arts etc.
C. 95. Bergasse ne me cacha pas qu’en élevant un autel au magnétisme, il n’avait en vue que d’ en élever un à la liberté. «Le temps est arrivé, me disait-il, où la France a besoin d’ une révolution. Mais vouloir l’ opérer ouvertement, c’est vouloir échouer; il faut, pour réussir, s’envelopper du mystère; il faut réunir les hommes sous prétexte d’ expériences physiques, mais, dans la vérite, pour renverser le despotisme». Ce fut dans cette vue qu’il forma dans la maison de Kornmann, où il demeurait, une société composée des hommes qui annonçaient leur goût pour les innovations politiques. De ce nombre étalent Lafayette, Deprémesnil (sic), Sabathier etc. Il y avait une autre société moins nombreuse d’ écrivains qui employaient leur plume à préparer cette révolution. C’ était dans les diners qu’on agitait les questions les plus importantes.
C. 96. J’y prêchais la république; mais, à l’ exception de Clavière, personne ne la goûtait. Deprémesnil ne voulait débourbonailler la France (c’était son mot) que pour y faire régner le Parlement. Bergasse voulait un roi et les deux chambres, mais il voulait surtout faire le plan seul, et que ce plan fût rigoureusement éxecuté: sa manie était de se croire un Lycurgue.
On ne peut disconvenir que les efforts de Bergasse et ceux de la société qui se rassemblait chez lui n’ aient singulièrement contribué à accélérer la Révolution. On ne peut calcuier toutes les brochures sorties de son sein. C’est de ce foyer que partirent presque tous les écrits publiés en 1787 et 1788 contre le ministère, et il faut rendre justice à Kornmann: il consacra une partie de sa fortune à ces publications. On en dut plusieurs à Gorsas, qui essayait alors la plume satirique avec laquelle il a si souvent déchiré le monarchisme, l’ autocratie, le feuillantisme et l’ anarchie. Carra se distinguait aussi dans ces combats, auxquels je pris quelque part.
C. 100. [Vous] exercez sans cesse le despotisme le plus complet dont l’ homme soit capable… Vous devenez des souverains absolus chez le peuple malade. On vous l’ a dit cent fois: en criant contre le despotisme, vous en êtes les plus fermes appuis, vous en exercez vous-mêmes un révoltant.
C. 100. Il importe d’ y maintenir, comme un moyen constant de civilisation, tous les préjugés qui peuvent rendre la médecine respectable… Le corps des médecins est un corps politique, dont la destinée est liée avec celle de l’État… Ainsi dans l’ ordre social, il nous faut absolument des maladies, des drogues et des lois, et les distributeurs des drogues et des maladies influent peut-être autant sur les habitudes d’ une nation que les depositaires des lois.
la politique de l’État, auquel il importe de conserver ces deux corps.
C. 102. la destruction de cette science fatale, la plus ancienne superstition de l’ univers, de cette médecine tyrannique qui, saisissant l’ homme dès le berceau, pèse sur lui comme un préjugé réligieux.
rappela l’ autorité à sa circonspection et à sa prudence ordinaires; et dès ce moment le magnétisme et son auteur n’eurent plus de persécution publique à redouter.
C. 103. En 1780 à commencé à Paris la vogue du magnétisme. La police avait à prendre sur cette pratique anelenne… par rapport à la pratique des mœurs… Le gouvernement n’y opposa [que] de l’ indifférence pendant la vie de M. de Maurepas. Cependant quelque temps après sa mort, la police fut avertie par des lettres anonymes que l’ on tenait dans les assemblées des magnétiseurs, des discours séditieux contre la religion et contre le gouvernement. L’ un des ministres du Roi proposa alors sur la dénonciation de la police de renvoyer hors du royaume l’ étranger Mesmer… D’autres ministres furent d’ avis, et plus écoutés, que c’était au Parlement que devaient être poursuivies toutes sectes et assemblées illicitées, immorales, irréligieuses. Je fus chargé de provoquer le procureur général. Ce magistrat me répondit que s’il portait sa plainte contre les assemblées du magnétisme à la Grande Chambre, elle serait renvoyée aux chambres assemblées où il se trouverait des partisans et protecteurs du magnétisme. Il ne fut donc aucune poursuite.
C. 105. Que pensera Washington quand il saura que vous êtes devenu le premier garçon apothicaire de Mesmer?
Un docteur allemand, nommé Mesmer, ayant fait la plus grande découverte sur le magnétisme animal, a formé des élèves, parmi lesquels votre humble serviteur est appelé l’ un des plus enthousiastes. J’en sais autant qu’un sorcier en sut jamais… Avant de partir, j’obtiendrai la permission de vous confier le secret de Mesmer, qui, vous pouvez y croire, est une grande découverte philosophique.
C. 107. On trouve du plaisir à descendre, tant qu’on croit remonter dès qu’on veut; et, sans prévoyance, nous goûtions tout à la fois les avantages du patriciat et les douceurs d’ une philosophie plébéienne.
C. 109. L’ empire des sciences ne doit connaitre ni despotes, ni aristocrates, ni électeurs. Il offre l’ image d’ une république parfaite. Là, le mérite est le seul titre pour y être honoré. Admettre un despote, où des aristocrates, où des électeurs… c’est violer la nature des choses, la liberté de l’ esprit humain; c’est attenter à l’ opinion publique, qui seule a le droit de couronner le génie; c’est introduire un despotisme révoltant.
C. 110. Vous savez, mon très cher, la place que vous occupez dans mon cœur.
C. 111. Les âmes franches et droites comme la vôtre ne connaissent pas toutes les routes tortueuses des satellites d’ un despote, ou plutôt elles les dédaignent.
C. 112. On à besoin du zèle d’ un ami quand on a à combattre une si puissante faction.
Je m’occuperai de M. Mesmer, et vous en rendrai bon compte. Mais ce n’est pas l’ affaire du moment. Vous savez combien j’aime à examiner les choses, et à les examiner avec soin avant de prononcer.
C. 113. courageusement renversé l’ idole du culte académique, et substitué au système de Newton sur la lumière de faits bien prouvés.
C. 114. Je viens vous donner une leçon, Messieurs, j’en ai le droit; je suis indépendant et il n’est aucun de vous qui ne soit esclave: je ne tiens à aucun corps, et vous tenez au vôtre; je ne tiens à aucun préjugé, et vous êtes enchainés par ceux de votre corps, par ceux de toutes les personnes en place que vous révérez bassement comme des idoles, quoique vous les méprisez en secret.
Un fait extraordinaire est un fait qui ne se lie point à la chaîne de ceux que nous connaissons ou des lois que nous avons fabriquées. Mais devons-nous croire que nous les connaissons tous?
C. 115. …portait le peuple, les malheureux dans son cœur. Mais moi qui suis père et qui crains les médecins, j’aime le magnétisme parce qu’il m’identifie avec mes enfants. Quelle douceur pour moi… quand je les vois obéissants à ma voix intérieure, se courber, tomber dans mes bras et goûter le sommeil! L’ état de mère nourrice est un état de magnétisme perpétuel. Nous pères infortunés que les affaires traînent, nous ne sommes presque rien pour nos enfants; par le magnétisme nous devenons pères encore une fois. Voilà donc un nouveau bien, créé dans la société, et elle en a tant besoin!
lueurs sublimes… au-delà de notre globe, dans un meilleur monde.
presque tous les vrais philosophes, et surtout Rousseau. Lisez ses Dlalogues avec lui-même. Ils semblent écrits dans un autre monde. L’ auteur qui n’existe que dans celui-ci, qui n’en a jamais franchi les limites, n’en écrirait pas deux phrases.
C. 116. Ne voyez-vous pas, par exemple, que le magnétisme est un moyen de rapprocher les états, de rendre les riches plus humains, d’ en faire de vrais pères aux pauvres? Ne seriez-vous pas édifié en voyant des hommes du premier rang… veiller sur la santé de leurs domestiques, passer des heures entières à les magnétiser.
cherché à enflammer le gouvernement contre les partisans du magnétisme.
Je crains bien que l’ habitude du despotisme n’ait ossifié vos âmes. bas parasites oppresseurs de la patrie viles adulateurs… des grands, des riches, des princes demi-talents qui se mettent perpétuellement en avant et repoussent le vrai talent qui se cache.
Si sur votre chemin se trouve un de ces hommes libres, indépendants… vous le louez, vous le plaignez, mais vous faites entendre que sa plume est dangereuse, que le gouvernement l’ a proscrite, que sa proscription pouvait entraîner celle du journal.
C. 117. pour de l’ argent vous amusez donc les femmes de bon ton et les jeunes gens ennuyés qui prennent une leçon de littérature ou d’ histoire comme une leçon de danse et d’ escrime.
C’est là surtout que vous avez déployé votre esprit d’ intrigue, votre despotisme impérieux, vos manœuvres auprès des grands et des femmes.
C. 119. C’est un génie créateur; il explique tout par la force centrifuge, jusqu’à l’ odeur d’ une fleur.