Очерки истории Франции XX–XXI веков. Статьи Н. Н. Наумовой и ее учеников — страница 41 из 123

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Au début des années 1980, on voit paraître trois monographies consacrées aux aspects différents de l’histoire de la IVeet de la VeRépubliques[634]. Leurs auteurs étudient l’activité du RPF en rapport avec les problèmes de la vie politique sous la IVeRépublique ou en rapport avec l’évolution du gaullisme.

Comme leurs prédécesseurs des années 1960–1970, ces spécialistes de l’histoire de la France d’après-guerre évaluent le RPF comme un parti bourgeois de droite. Pourtant ils analysent d’une manière détaillée ses traits spécifiques et sa différence par rapport aux autres organisations de droite françaises en notant les aspects particuliers de son activité politique. M. Narinski, par exemple, considère le RPF comme le parti «d’une nouvelle orientation de droite (qui) se distingue des groupements de la droite traditionnelle par l’accent mis sur une vaste manœuvre sociale et économique, par sa structure précise et bien organisée, par son savoir-faire pour gagner une base sociale de masse, et organiser ses partisans»[635]. Pour lui, le RPF réunit des traits du conservatisme traditionnel de droite avec l’idée de manœuvre sociale dans l’esprit du néo-capitalisme[636]. On trouve aussi les appréciations de l’activité et du programme du RPF dans le travail de l’historien d’Irkoutsk G. Novikov Le gaullisme après de Gaulle (1984). G. Novikov utilise des documents inédits des archives de l’Institut Charles de Gaulle, la presse gaulliste et la vaste littérature de mémoires gaullistes. À la suite des chercheurs et des spécialistes français du gaullisme, J. Charlot en premier lieu, l’historien soviétique note que le RPF ouvre une nouvelle et très importante étape dans le développement du gaullisme – celle de sa transformation en un mouvement politique. Pourtant, à la différence des spécialistes de l’histoire du RPF tels que Ch. Purstchet, J. Charlot, P. Guiol qui ne voient pas dans le RPF un parti bourgeois de droite, G. Novikov le caractérise comme une force politique autoritaire «très à droite»[637]. Cette caractéristique du premier parti gaulliste coïncide avec celle que nous trouvons dans les œuvres classiques de M. Duverger et de R. Rémond[638]. Selon G. Novikov, «le mouvement gaulliste qui avait pendant la guerre un caractère bourgeois et patriotique s’est transformé, au cours du processus d’aggravation aiguë de la lutte des classes dans la France d’après-guerre, en un mouvement nationaliste de droite qui poursuivait le but d’instaurer un régime d’exécutif fort mais dans le cadre de la démocratie bourgeoise»[639]. G. Novikov affirme que la ligne politique et surtout le programme social et économique du RPF représente «l’exemple classique du comportement d’un parti d’opposition aspirant à adapter son idéologie et sa propagande aux demandes des couches moyennes et de la petite bourgeoisie qui composaient l’essentiel de sa base sociale et, en même temps, à élargir cette base aux dépens de la classe ouvrière»[640].

Un autre chercheur soviétique, V. Tchernega, tout en admettant les appréciations principales du RPF exprimées par R. Rémond, le considère comme «un parti bourgeois de type nouveau» dont l’activité a manifesté «la viabilité des traditions de la droite autoritaire dans le pays»[641]. Selon V. Tchernéga, «l’anticommunisme et l’antisoviétisme du RPF, son hostilité envers la IVeRépublique «trop à gauche», dont la Constitution a été élaborée avec la participation active des communistes, ont attiré au Rassemblement un grand nombre de partisans de droite actifs qui partagent sa vision du monde, autoritaire et spécifique»[642].

Au début des années 1990, on voit paraître de nouveaux ouvrages sur l’histoire du gaullisme sous la plume des jeunes historiens M. Arzakanian et N. Naoumova. La monographie de M. Arzakanian De Gaulle et les gaullistes sur la voie du pouvoir publiée en 1990 appartient au genre historicolittéraire. L’auteur consacre tour un chapitre à l’histoire du RPF, fait des portraits politiques et psychologiques très impressionnants des responsables du premier parti gaulliste tout en montrant son évolution politique. M. Arzakanian affirme que le RPF «ne présentait pas un mouvement au-dessus des classes, mais était une sorte de parti politique de droite»[643]. Une nouvelle monographie, celle de N. Naoumova, paraît en 1991, consacrée au gaullisme d’opposition sous la IVeRépublique. Dans ce livre, l’étude du RPF se fonde sur les documents divers du RPF jusque-là inconnus des chercheurs soviétiques. Il s’agit tout d’abord de la presse du RPF que N. Naoumova est la première à utiliser dans les travaux scientifiques. L’auteur caractérise le RPF comme «un parti bourgeois réformiste d’orientation de droite qui a su, pour un certain temps, rassembler autour des idées gaullistes les représentants de toutes les couches de la société française»[644].

Ainsi les historiens soviétiques (russes) contemporains continuent-ils à affirmer que le RPF était un parti bourgeois de droite. Mais en même temps ils constatent son originalité et sa dissemblance des groupements de droite traditionnels: le réformisme social, la politique extérieure indépendante, le pourcentage élevé des ouvriers et des employés parmi ses partisans. Tout cela permet, à mon avis, de considérer le RPF comme un parti du bloc des classes.

Il est à noter que si les caractéristiques politiques de l’activité du RPF dans les ouvrages des historiens contemporains coïncident dans leur ensemble, les appréciations du rôle du RPF dans l’histoire du gaullisme sont parfois diamétralement opposées. Ainsi, l’historien N. Moltchanov, dans la biographie du général de Gaulle rééditée en URSS en 1988, a-t-il appelé le RPF «une force ridicule et indigne du Général»[645]. Quant à moi, j’estime que le Rassemblement du Peuple français était, sans aucun doute, un phénomène plus profond et compliqué qui a laissé une trace importante dans l’histoire du gaullisme. En considérant l’activité du RPF comme une des étapes du mouvement gaulliste, M. Arzakanian lui donne une appréciation positive «sans aucune réserve»[646].

Il est évident que, sous la IVe République, la lutte des gaullistes pour le pouvoir a considérablement enrichi la pratique du mouvement et a laissé une empreinte sur l’évolution des opinions politiques des militants comme sur de Gaulle lui-même. Au sein du RPF se sont formés et ont agi les cadres gaullistes qui ont joué un rôle important pour le retour de De Gaulle au pouvoir et l’installation de la VeRépublique.

De nos jours, l’intérêt pour la personne du général de Gaulle et pour le gaullisme ne s’estompe pas en Russie. Les slogans principaux du gaullisme: «Le pouvoir fort de type présidentiel, l’union de la nation, la collaboration des classes» ont soudain acquis en Russie une actualité politique. La Constitution de 1993 adoptée en Russie à un moment dramatique de son histoire politique a instauré un pouvoir présidentiel semblable à celui de la France de la VeRépublique dont le général de Gaulle fut le fondateur et le premier président.

En Russie, à partir du milieu des années 1990, l’accès, auparavant interdit, aux archives du Parti est enfin autorisé aux chercheurs. A l’heure actuelle, les historiens ont une réelle liberté de parole et de grandes possibilités de travailler dans les bibliothèques et les archives françaises, d’apprendre de nouveaux faits sur l’histoire du RPF, de réviser leurs jugements grâce aux nombreux matériaux d’archives à leur disposition. On peut penser que le temps est proche où les historiens russes publieront de nouvelles études sur l’histoire du gaullisme et, en particulier, sur le premier parti gaulliste: le Rassemblement du peuple français.

Наумова Н. НБорьба голлистов за власть в годы IV Республики[647]

В центре предлагаемого исследования – борьба голлистов за власть в годы IV Республики. Пересмотр Конституции 1946 г. и установление «сильной власти» стали главными политическими требованиями первой голлистской партии Объединение французского народа (РПФ), созданной де Голлем в апреле 1947 года.

За послевоенные десятилетия оценка роли голлистов в политической жизни IV Республики, методов их борьбы за достижение власти, характера и деятельности РПФ претерпела существенные изменения в советской и зарубежной историографии. В 40–50-х годах советские ученые и французские публицисты-марксисты необоснованно изображали де Голля «фашистом» и «заговорщиком», требование голлистов «сильной власти» как попытки де Голля «осуществить свои честолюбивые планы и стать диктатором Франции», а РПФ рассматривали как «фашистскую деголлевскую партию», чья «антинародная деятельность грозила республиканским устоям Франции»[648].

В 60–70-х годах советские историки дали более взвешенные оценки политической активности голлистов и РПФ. Они отмечали ее правый, авторитарный характер, схожесть внешних атрибутов РПФ и фашистской партии (требование «сильной власти», создание вооруженных отрядов «службы порядка», Факельные шествия и др.), но одновременно приверженность де Голля к республиканскому строю и демократическим свободам