Mais toi, lâche ministre[190], ignorant er pervers,
Tu trahis ta patrie er tu la déshonores.
Tu poursuis un héros que l’univers adore.
On dirait que Brunswick t’a transmis ses fureurs;
Que ministre inquiet de ses justes terreurs
Le seul nom d’Edouard t’épouvante et te gêne.
Mais apprend quel sera le fruit de cette haine:
Albion[191] sent enfin qu’Edouard est son roi,
Digne, par ses vertus de lui donner le loi.
Elle offre sur la trône asile à se grand homme,
Trahi tout à la fois par la France et par Rome;
Et bientôt les Français, tremblants, humiliés,
D’un nouvel Edouard viendront baiser le pieds.
Voilà les tristes fruits d’un olivier funeste
Et de nos vains lauriers le déplorable reste[192]!
3. «Peuple jadis si fier, aujourd’hui si servile»
Текст этой оды тоже взят из «Vie privée de Louis XV», II, pp. 374–375, вместе с прилагающимися пометками. Ее тоже можно найти в разных «chansonniers», вроде того, что находится в Парижской исторической библиотеке, ms. 649, p. 16.
Peuple jadis si fier, aujourd’hui si servile[193],
Des princes malheureux vous n’êtes plus a’sile.
Vos ennemis vaincus aux champs de Fontenoy,
A leurs propes vainqueurs ont imposté la loi;
Et cette indigne paix d’Arragon[194] vous procure,
Est pour eux un triomphe et pour vos une injure.
Hélas! Auriez-vous donc couru tant de hasards
Pour placer une femme[195] au trône des Césars;
Pour voir l’heureux Anglais dominateur de l’onde
Voiturer dans ses ports tout l’or du nouveau monde;
Et le fils de Stuart, par vous-même appelé,
Aux frayeurs de Brunswick, lâchement immolé!
Et toi[196] que tes flatteurs ont paré d’un vain titre,
De l’Europe en ce jour te diras-tu l’arbitre?
Lorsque dans tes Etats tu ne peux conserver
Un héros que le sort n’est pas las d’éprouver;
Mais qui, dans les horreurs d’une vie agitée,
Au sien de l’Angleterre à sa perte exité,
Abandonné des siens, fugitif, mis à prix,
Se vit toujours du moins plus libre qu’a Paris;
De l’amitié des rois exemple mémorable,
Et de leurs intérêts victime déplorable.
Tu triomphes, cher prince, au milieu de tes fers;
Sur toi, dans se moment, tous les yeux sont ouverts.
Un peuple généreux et juge du mérite,
Va révoquer l’arrêt d’une race proscrite.
Tes malheurs ont changé le esprit prévenus;
Dans la coeur des Anglais tous tes droits sont connus.
Plus flatteurs et le plus sûrs que ceux de la naissance,
Ces droits vont doublement affermir ta puissance.
Mais sur le trône assis, cher prince, souviens-toi,
Que le peuple superbe et jaloux de sa foi
N’a jamais honoré du titre de grand homme
Un lâche complaisant des Français et de Rome.
4. «Qu’une bâtarde de catin»
У этой песни накопилось столько версий, что ни один текст не отражает ее полностью, хотя предоставленная копия из Исторической библиотеки, ms. 580, folios 248–249, датированная октябрем 1747 года, достаточно точно отражает раннюю версию, позже записанную в «chansonnier». Слева в ней приводятся щедрые примечания.
Sur Mme d’Etiole, fille de M. Poisson mariée à M. d’Etiole,
sous fermier, neveu de M. Normand, qui avait été amant
de Mme Poisson. Maîtresse de Louis XV, faite marquise
de Pompadour et son mari fermier général.
1.
Qu’un bâtarde de catin
A la cour se voie avancée,
Que dans l’amour et dans le vin
Louis cherche une gloire aisée,
Ah! le voilà, ah! Le voici
Celui qui n’en a nul souci.
Sur M. le Dauphin, fils de Louis XV.
2.
Que Monseigneur le gros Dauphin
Ait l’esprit comme la figure
Que l’Etat craigne le destin
D’un second monarque en peinture.
Ah! la voilà, etc.
Sur M. de Vandières, frère de Mme d’Etiole,
marquise de Pompadour, reçu en survivance
de la charge de Contrôleur des bâtiments du roi
que M. le Normans de Tournehem son oncle avait,
qui mourut en 1752.
3.
Qu’ébloui par un vain éclat
Poisson tranche du petit maître
Qu’il pense qu’ à la cour un fat
Soit difficile à reconnaître.
Sur le maréchal de Saxe, mort à Chambord en 1751.
4.
Que Maurice ce fier à bras
Pour avoir contraint à se rendre
Villes qui ne résistaient pas
Soit plus exalté qu’Alexandre.
Sur le maréchal de Belle-Isle, qui commandait
l’armée en Provence en 1747.
5.
Que notre hero à projets
Ait vu dans la lâche indolence
A la honte du nom français
Le Hongrois piller le Provence.
M. d’Aguesseau de Fresne
6.
Que le chancelier décrépit
Lâche le main à l’injustice
Que dans le vrai il ait un fils
Qui vende même la justice.
Ministre de la marine, Secrétaire d’Etat.
7.
Que Maurepas, St Florentin
Ignorent l’art militaire
Que ce vrai couple calotin
A peine soit bon à Cythère.
Ministre de la guerre.
8.
Que d’Argenson en dépit d’eux
Ait l’oreille de notre maître
Que du débris de tous les deux
Il voie son crédit renaître.
L’ancien évêque de Mirepoix, qui a la feuille des bénéfices.
Il a été précepteur du dauphin, fils de Louis XV. Mort à Paris
le 20 août 1755.
9.
Que Boyer, ce moine maudit
Renverse l’Etat pour la bulle
Que par lui le juste proscrit
Soit victime de la formule.
Premier Président du Parlament de Paris.
10.
Que Maupeou plie indignement
Sex genoux devant cette idole
Qu’à son exemple le Parlement
Sente son devoir et le viole.
Conseiller d’Etat ordinaire et ministre des affaires étrangères,
Contrôleur général des finances.
11.
Que Puisieulx en attendant
Embrouille encore plus les affaires
Et que Machault en l’imitant
Mette le comble à nos misères.
12.
Sur ces couplets qu’un fier censeur
A son gré critique et raisonne
Que leurs traits démasquent l’erreur
Et percent jusqu’au trône.
5. «Sans crime on peut trahir sa foi»
Эта пародия на парламентский эдикт была дана Аллеру Гийаром и найдена полицией в кармане Аллера во время допроса в Бастилии. Здесь она цитируется по бумагам из Библиотеки Арсенала, ms. 11690, folio 89.
Apostille du Parlament de Toulouse
à l’enregistrement de l’édit du vingtième.
Sans crime on peut trahir sa foi,
Chasser son ami de chez soi,
Du prochain corrompre la femme,
Piller, voler n’es plus infâme.
Jouir à la fois des trois soeurs
N’est plus contre les bonnes moeurs.
De faire ces métamorphoses
Nos ayeux n’avaient pas l’esprit;
Et nous attendons un édit
Qui permette toutes ces choses.
– signé: de Montalu, premiier president
6. «Lache dissipateur des biens de te sujets»
Эта ода, похожая по тону на две предыдущие, но реже встречающаяся в других источниках, приводится из «chansonnier» из Исторической библиотеки, ms. 649, pp. 47–48.
Lâche dissipateur des biens de tes sujet,
Toi qui comptes le jours par les maux que tu fais,
Esclave d’un ministre et d’une femme avare,
Louis, apprends le sort que le ciel te prépare.
Si tu fus quelque temps l’objet de notre amour,
Tes vices n’étaient pas encore dans tout leur jour.
Tu verras chaque instant ralentir notre zèle,
Et souffler dans nos coeurs une flamme rebelle.
Dans les guerres sans succès désolant tes états,
Tu fus sans généraux, tu seras sans soldats.
Toi que l’on appelait l’arbitre de la terre,
Par de honteux traités tu termines la querre.
Parmi ces histrions qui régnent avec toi,
Qui pourra desormais reconnaître son roi?
Tes trésors sont ouverts à leurs folles dépenses;
Ils pillent tes sujects, épuisent tes finances,
Moins pour renouveler tes ennuyeux plaisirs
Que pour mieux assouvir leurs infâmes désirs.
Ton Etat aux abois, Louis, est ton ouvrage;
Mais crains de voir bientôt sur toi fondre l’orage.
Des maux contagieux qu’empoisonnent les airs
Tes campagnes bientôt deviennent des déserts,
La désolation règne en toutes les villes
Tu ne trouveras plus des âmes assez viles
Pour oser célébrer tes prétendus exploits,
Et c’est pour t’adhorrer qu’il reste des François:
Aujourd’hui ont élevé en vain une statue,
A ta mort, je la vois par le peuple abattue.
Bourrelé de remords, tu descends au tombeau.
La superstition dont le pale flambeau
Rallume dans ton coeur un peur mal éteinte,
Te suit, t’ouvre l’Enfer, seul objet de ta crainte.