ât elle-même. Et voilà pourquoi aussi la société occidentale, qui est l’expression de cette pensée, en se voyant acculée à l’abîme par la catastrophe de Février, a bien pu se rejeter en arrière par un mouvement instinctif, mais il lui faudrait des ailes pour franchir le précipice ou un miracle, sans précédent dans l’histoire des Sociétés humaines, pour revenir sur ses pas.
Telle est la situation actuelle du monde. Elle est, certainement, claire pour la divine Providence, mais elle est insoluble pour la raison contemporaine.
C’est sous l’empire de pareilles circonstances que les Pouvoirs publics de l’Occident sont appelés à régir la Société, à la raffermir, à la rasseoir sur ses bases, et ils sont tenus à travailler à cette œuvre avec les instruments qu’ils ont reçus des mains de la Révolution et qui ont été fabriqués pour son usage.
Mais indépendamment de cette tâche de pacification générale, qui est commune à tous les gouvernements, il y a dans chacun des grands Etats de l’Occident des questions spéciales, qui sont le produit et comme le résumé de leur histoire particulière et qui, ayant été, pour ainsi dire, mises à l’ordre du jour par la Providence historique, réclament une solution imminente.
C’est à ces questions que s’est attaquée dans les différents pays la Révolution européenne, mais elle n’a su y trouver qu’un champ de bataille contre le Pouvoir et la Société. Maintenant qu’elle a honteusement échoué dans tous ses efforts et dans toutes ses tentatives et qu’au lieu de résoudre les questions elle n’a fait que les envenimer, c’est aux gouvernements à s’y essayer, à leur tour, en travaillant à leur solution en présence même et, p
Mais avant tout passons en revue les différentes questions.
Pour qui observe, en témoin intelligent, mais du dehors, le mouvement de l’Europe Occidentale, il n’y a assurément rien de plus remarquable et de plus instructif que, d’une part, le désaccord constant, la contradiction manifeste et continue entre les idées qui y ont prévalu, entre ce qu’il faut bien appeler l’opinion du siècle, l’opinion publique, l’opinion libérale et la réalité des faits, le cours des événements, et, d’autre part, le peu d’impression que ce désaccord, cette contradiction si flagrante, paraît faire sur les esprits.
Pour nous, qui regardons du dehors, rien n’est plus facile, assurément que de distinguer dans l’Europe Occidentale le monde des faits, des réalités historiques, d’avec ce mirage immense et persistant, dont l’opinion révolutionnaire, armée de la presse périodique, <нрзб.> comme recouvert la Réalité. Et c’est dans ce mirage que vit et se meut, comme dans son élément naturel, depuis 30 à 40 ans, cette puissance aussi fantastique que réelle que l’on appelle l’Opinion publique…
C’est une étrange chose, après tout, que cette fraction de la
Le monde réel, toutefois, le monde de la réalité historique, même sous le mirage n’en est pas moins resté ce qu’il est et n’en a pas moins poursuivi son chemin tout à côté de ce monde de l’opinion publique qui, grâce à l’acquiescement général, avait aussi acquis une sorte de réalité.
Après que le parti révolutionnaire nous a donné le spectacle de son impuissance, vient maintenant le tour des gouvernements qui ne tarderont pas à prouver que s’ils sont encore assez forts pour s’opposer à une destruction complète, ils ne le sont plus assez pour rien réédifier. Ils sont comme ces malades qui réussissent à triompher de la maladie, mais après que la maladie a profondément altéré leur constitution, et dont la vie désormais n’est plus qu’une lente agonie. L’année 1848 a été un tremblement de terre qui n’a pas renversé de fond en comble tous les édifices qu’elle a ébranlés, mais ceux même qui sont restés debout ont tellement été lézardés par la secousse, que leur chute définitive est toujours imminente.
En Allemagne la guerre civile est le fond même de sa situation politique. C’est plus que jamais l’Allemagne de la guerre de Trente ans, le Nord contre le Midi, les souverainetés locales contre le Pouvoir unitaire, mais tout cela démesurément accru et renforcé par l’action du principe révolutionnaire. En Italie ce n’est pas seulement comme autrefois la rivalité de l’Allemagne et de la France ou la haine de l’Italie contre le Barbare ultramontain. Il y a de plus encore la guerre à mort déclarée par la Révolution armée du sentiment de la nationalité italienne contre le catholicisme compromis à la suite de la papauté romaine. Quant à la France qui ne peut plus vivre sans renier à chaque pas ce qui, depuis 60 ans, est devenu son principe de vie, la Révolution, — c’est un pays, logiquement et fatalement condamnéà l’impuissance. C’est une société condamnée par l’instinct de sa conservation à ne se servir d’un de ses bras que pour enchaîner l’autre.
Telle est selon nous la situation actuelle de l’Occident. La Révolution, conséquence logique et résumé définitif de la civilisation moderne, de la civilisation que le rationalisme anti-chrétien a conquise sur l’Eglise romaine, — la Révolution, convaincue par le fait d’une impuissance absolue comme organisation, mais d’une puissance presque aussi grande comme dissolvant, — d’autre part, ce qui restait à l’Europe des éléments de l’ancienne société, assez vivants encore, pour refouler, au besoin, sur un point donné l’action matérielle de la Révolution, mais tellement eux aussi, pénétrés, saturés et altérés par le principe révolutionnaire, qu’ils en sont devenus comme impuissants à produire quelque chose, qui fût généralement accepté par la société européenne, comme une autorité légitime, — tel est le dilemme, qui se pose en ce moment dans toute son immense gravité. La part d’incertitude que l’avenir se réserve ne porte que sur un seul point: c’est de savoir combien de temps il faudra à une situation semblable, pour produire toutes ces conséquences. Quant à la nature de ces conséquences, on ne saurait les pressentir qu’en sortant complètement du point de vue occidental et en se résignant à comprendre cette vérité vulgaire: c’est que l’Occident européen n’est que la moitié d’un grand tout organique et que les difficultés en apparence insolubles qui la travaillent ne trouveront leur solution que dans l’autre moitié…
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LA RUSSIE ET L’OCCIDENT
I. Situation générale
I. La Situation en 1849
II. Question Romaine
II. La Question Romaine
III. L’Italie
III. L’Italie
IV. L’Unité Allemande
IV. L’Unité Allemande
V. L’Autriche
V. L’Autriche
VI. La Russie
VI. La Russie
VII. La Russie et Napoléon
VII. La Russie et Napoléon
VIII. L’Avenir
VIII. La Russie et la Révolution
IX. L’Avenir
Que veut l’Italie? Le vrai, le factice.
Le vrai: l’indépendance, la souveraineté municipale avec un lien fédéral — l’expulsion de l’étranger, de l’Allemand.
Le faux: l’utopie classique: l’Italie unitaire. Rome à la tête. Restauration romaine.
D’où vient cette utopie? — Son origine — son rôle dans le passé — et jusqu’à nos jours.
Deux Italies. Celle du peuple, des masses, de la réalité. — L’Italie des lettrés, savants, révolutionnaires, depuis Petrarca jusqu’à Mazzini.
Rôle tout particulier de cette tendance des lettrés en Italie. Sa signification: c’est une tradition de l’ancienne Rome, de la Rome payenne. — Pourquoi ce simulacre a plus de réalité en Italie qu’ailleurs.
L’Italie romaine était une Italie conquise. Voilà pourquoi l’unité de l’Italie, telle que ces m
L’Italie, alors, était la chose de Rome, parce que Rome avait l’Empire.
Ce que c’est que l’Empire. C’est une délégation, les droits qu’elle confère.
On les perd, ces droits, quand la délégation est révoquée — on les perd avec l’Empire. — C’est ce qui est arrivé avec Rome. Mais le siège de l’Empire n’étant plus en Italie, il n’y a plus lieu à cette unité factice. — Elle recouvre de plein droit son indépendance et ses autonomies locales.
Retrait de l’Empire à Rome et son transfert à l’Orient. C’est la donnée chrétienne que la donnée payenne cherche à nier.