que je me suis cru obligé de visiter en détail. Depuis Meiningen le voyage m’est revenu à 20–25 fl
Quant à Maltitz, ma présence lui fait éprouver un bien-être dont je suis touché et qui me fait passer par-dessus les répétitions. J’ai trouvé Anna grandie et en fort bonne santé, mais toujours aussi embarrassée que par le passé. C’est aussi le cas de la pauvre Hannstein qui se sent tout à fait dépassée au milieu de toute cette Bildung et de ces conversations littéraires à perte d’haleine. Elle n’ose plus dire bravo et s’abstient même des Ah. Il n’y a qu’Ernest* qui ait conservé son imperturbable aplomb.
C’est aujourd’hui l’anniversaire du jour de naissance de Maltitz, son 47<ème> anniversaire! Il y a donc des hommes encore plus vieux que moi.
Ma chatte chérie, comment te portes-tu? Où en est la cure? Tes fonctions sont-elles réglées? Fais-moi le plaisir de ne pas te presser pour les bains de siège. Et Marie? Elle n’a plus personne qui lui donne des appréhensions pour ses Narren, mais j’espère que cela ne l’empêchera pas de continuer à se bien porter. A cette condition je lui passerai les ¾ de ses caprices. Parle-moi aussi de tes promenades. Hélas, je ne suis pas comme toi, rien ne m’alarme comme l’absence. Il me semble que toutes les puissances de la nature sont aux aguets et n’épient que le moment où j’aurai tourné le dos pour me faire pièce.
Kissingen, je suppose, se peuple à vue d’œil. Les Luxbourg sont-ils arrivés? Les as-tu été voir?
Adieu, ma chatte, je suis découragé par mon exécrable écriture. La pudeur me fait tomber la plume des mains. Il fait ici une chaleur comme dans les premiers jours de notre arrivée à Kissingen* et il y a encore moins d’ombre ici que là.
Adieu. Aie grand soin de ta personne. C’est tout ce qu’il y a de plus essentiel au monde. A rencontre à jamais.
Веймар. 11 июня
Вот, наконец, твой адресат стал веймарским адресатом*. Вопреки твоим предсказаниям, пошел третий, а не четвертый день с тех пор, как я сюда приехал, а еще целых полдня я провел в Готе*, которую почел своим долгом подробно осмотреть. От Мейнингена дорога обошлась мне в 20–25 флоринов. Здесь я нашел все в том же неизменном виде, как и в прошлый раз. Великая герцогиня больна и не принимает. Впрочем, поскольку двор сейчас в городе, веймарский этикет требует представляться ко двору в мундире, разве только я не решусь явиться во фраке, со шпагой на боку, моей законной принадлежностью*, что выглядело бы весьма забавно.
Что до Мальтица, мой приезд доставил ему удовольствие, весьма тронувшее меня и позволившее обойтись без повторений. Я нашел Анну подросшей и совершенно здоровой, но, как и прежде, застенчивой. Она напоминает бедняжку Ганштейн, которая чувствует себя совершенно устаревшей среди всей этой Bildung[16] и литературных споров до изнеможения. Она уже не осмеливается восклицать браво и даже воздерживается от ах. Один только Эрнст* не теряет своей невозмутимой самоуверенности.
Сегодня день рождения Мальтица, ему исполнилось 47 лет! Есть же люди еще старее меня.
Милая кисанька, как ты себя чувствуешь? Как подвигается лечение? Восстановились ли твои функции? Доставь мне удовольствие, не торопись с сидячими ваннами. А Мари? Рядом с ней теперь нет никого, кто пожурил бы ее за Narren,[17] но, надеюсь, это не мешает ей превосходно себя чувствовать. При этом условии я прощаю ей ¾ ее капризов. Расскажи мне о своих прогулках. Увы, я не таков, как ты, ничто не внушает мне такой тревоги, как разлука. Мне кажется, что все силы природы подстерегают и ждут только минуты, когда я отвернусь, чтобы ополчиться против меня.
Киссинген, наверное, наполняется публикой на глазах. Приехали ли Люксбурги? Видала ли ты их?
Прощай, моя кисанька, я в отчаянии от своего скверного почерка. От стыда перо падает у меня из рук. У нас стоит жара, как в первые дни нашего приезда в Киссинген*, но здесь еще меньше тенистых мест, чем там.
Прощай. Береги себя хорошенько. Это важнее всего на свете. До встречи навсегда.
Тютчевой Эрн. Ф., 6/18 июня 1842*
Weimar. Ce samedi. 18 juin
Ma chatte chérie. J’ai été obligé de dire encore une fois, en lisant ta lettre: gentille créature…Mais n’est-ce pas un compliment que tu me fais, quand tu prétends t’ennuyer si fort de mon absence. En tout cas cette absence tient à sa fin, et tu me reverras très probablement jeudi prochain, car je compte partir d’ici le 21, c’est-à-d
On est ici d’un accueillant pour les étrangers qui est presque touchant. Il y a de la reconnaissance dans l’accueil qu’on leur fait. Il est vrai que c’est bien petit et qu’il faut avoir réduit ses prétentions à un temps assez humble pour supporter à la longue un pareil séjour. Cependant on ne manque pas, tant s’en faut, de société ici. Hier j’ai passé la soirée chez le Ministre de Prusse* où il y avait une cinquantaine de personnes. Avant-hier chez la belle-fille de Goethe, etc. etc. C’est que tout le monde vit continuellement réuni, comme à bord d’un vaisseau. Que dis-tu de ce changement de température? Je m’en ressens fort désagréablement, et toi, ma chatte? Et la cure, comment s’en trouve-t-elle? Je suis fort impatient de juger par moi-même des résultats obtenus.
D’après ce que tu me dis de ton petit genre de vie depuis mon départ, je vois bien que tu as renoncéà la prétention de lutter de popularitéà Kissingen avec Madame <1 нрзб> et que l’aubergiste de l’hôtel de Russie ne doit pas compter sur les séductions de ta présence pour augmenter le nombre des convives à la table d’hôte. Tout cela me fait espérer que je ne trouverai pas à mon retour ma place prise, à moins que le magnifique et ingénieux banquier ne me la succède sur les entrefaites. Et les Luxbourg? où en es-tu avec eux.
Maltitz me parle souvent de toi. L’autre jour il riait encore en se rappelant la manière dont tu regardais Sévérine. Il a parfaitement compris l’expression d’un dédain bienveillant et amusé — et si fort en contraste avec l’indignation toujours flagrante et vibrante de sa femme… Ici cette faculté de s’indigner trouve moins d’occasion de s’exercer. Aussi est-elle descendue au diapason d’une disposition d’esprit généralement âpre, mais pour tout le monde également.
Au reste je me trompe fort ou la pauvre femme a quelque chagrin secret. C’est probablement celui de n’avoir pas d’enfants et de voir aussi son mari beaucoup moins amoureux d’elle, qu’il en faudrait pour lui donner l’espoir de voir ce vœu se réaliser. Hélas, hélas. Quand on est au lit avec sa femme, ce n’est pas tout que de lui lire les vers de Schiller. Tous les deux, et la vieille Hannstein aussi, me chargent de te dire mille amitiés de leur part. Anna t’écrit elle-même*.
Comment va la petite Marie? A distance il me semble que tu es injuste pour elle et que ses prétendus caprices ne sont que de gentillesses. Je me flatte que je la retrouverai dans l’état de santé le plus normal.
Adieu, ma chatte, je partirai sans faute le 21, car il y a des moments dans la journée où je me sens tout manchot, tout dépareillé.
J’oubliai de te dire que j’ai été dans la nécessité de me faire faire un pantalon de drap pour pouvoir me présenter à la cour. Il s’est trouvé que le Brochet avait oublié d’en prendre un. Mais comme il ne voulait pas de prime abord convenir de cette négligence, il m’a tout bonnement apporté le sien, espérant que je prendrais ce change. Et cela lui aurait probablement réussi, si l’ampleur du pantalon, dans lequel il voulait m’endosser, ne m’avait pas fait éprouver un sentiment de bien-être inaccoutumé qui mfait aussitôt découvrir la superchérie. Rusé Brochet, va?..
Веймар. Суббота. 18 июня
Милая кисанька, читая твое письмо, я принужден был в очередной раз произнести: благородное создание…Но не хочешь ли ты мне польстить, говоря, что так сильно скучаешь без меня. В любом случае, разлука приближается к концу, и, вероятно, ты увидишь меня в ближайший четверг, поскольку я предполагаю уехать отсюда 21-го, то есть во вторник. Вчера я впервые видал великую герцогиню. Я уже дважды обедал при дворе и провел там один вечер, так и не увидав ее. Вчера состоялся первый ее выход.
Здесь столь радушны к иностранцам, что это почти трогательно. В приеме, какой им здесь оказывают, проглядывает благодарность. По правде говоря, жизнь здесь весьма скучная и нужно оставить в стороне всякую притязательность, чтобы долго переносить ее. Однако это не означает, что здесь нет общества. Вчера я провел вечер у прусского посланника