é non sans fatigue et sans quelques ennuis, mais au total le plus heureusement du monde. Nous sommes arrivés à 4 h
Parmi mes compagnons de voyage il y en avait un que je connaissais indirectement. C’est le jeune Dehay, fils du sénateur Dehay que j’ai vu l’année dernière à Kissingen et qui est un ami de Мих<аил> Ник<олаевич> Муравьев*, l’autre était un très jeune homme, Жемчужников*, le reste de la compagnie, à l’exception d’un fabriquant allemand, se trouvait être composé de nos trois domestiques.
Mais pour sortir de ces détails fort peu curieux, laissez-moi vous dire que ce qui me domine en ce moment exclusivement, c’est le souvenir de ces six semaines que nous venons de passer ensemble et de toute cette affection dont vous m’avez comblé. Que Dieu vous bénisse et vous conserve et qu’Il éxauce notre vœu mutuel de nous revoir l’année prochaine.
C’est demain que je me mettrai en cause* et je vous écrirais sitôt que j’aurai quelque chose à vous dire. Mais en vous parlant de mon voyage, j’oubliais de vous dire que j’ai parfaitement bien dormi les trois nuits consécutives, et je serais un ingrat, si je n’en attribuais le mérite, en grande partie au moins, au coussin de cuir de papa.
Pétersb
Mille amitiés à Nicolas. Est-il donc vrai que nous voilà de nouveau séparés? Qu’est devenu le temps passé ensemble. Mille tendresses aussi à Dorothée et à son mari. Je vous aime tous du fond du cœur.
Adieu. Je baise vos mains.
T. T.
Петербург. 11 августа 1843
Видите, любезные папинька и маминька, я, не теряя времени, спешу сообщить вам о благополучном завершении поездки, которой вы когда-то так опасались по причине моей крайней молодости. Она наконец завершилась — не без усталости и некоторых неприятностей, но в общем благополучнее всего на свете. Мы прибыли в 4 часа пополудни, и после краткого знакомства со всеми указанными мне гостиницами я остановил свой выбор на гостинице Демут*, где снял за 13 рублей серебром в неделю две комнаты — одну полностью для себя, а во второй отведен угол для слуги. Это, конечно, очень дорого, но я думаю, что это будут самые большие мои расходы, потому что благодаря расположению гостиницы в центре города расходы на коляску будут самыми ничтожными.
Среди моих спутников в поездке нашелся один, кого я косвенно знал ранее. Это молодой Дегай, сын сенатора Дегая, которого я встречал в прошлом году в Киссингене. Он приятель Михаила Николаевича Муравьева*. Другой спутник — совсем молодой человек, Жемчужников*. Остальная часть компании, за исключением одного немца фабриканта, как оказалось, состояла из трех наших слуг.
Но чтобы покончить с этими мало занимательными подробностями, позвольте мне сказать, что в эти минуты во мне живут исключительно воспоминания о шести неделях, проведенных с вами вместе, и о тех знаках любви, которыми вы меня осыпали. Благослови и сохрани вас Господь, и пусть исполнится наше общее желание — вновь увидеться в будущем году.
Завтра я приступлю к делу*, и как только появится что сказать, я тут же напишу вам. Но, рассказывая о поездке, я забыл написать, что три ночи подряд я великолепно спал, и я бы был самым неблагодарным, если бы не отметил, что во многом это было благодаря кожаной подушке, подаренной папа́.
Петербург вновь удивил меня. Это, несомненно, величественный город, и в это время, благодаря великолепной погоде, он имеет совершенно южный вид. Сейчас уже полночь, а перспектива заполнена гуляющими.
Поклон Николушке. Неужели правда, что мы снова разлучились? Что сталось с временем, проведенным с ним вместе? Кланяюсь также Дашиньке и ее мужу. Люблю всех вас всем сердцем.
Прощайте. Целую ваши ручки.
Ф. Т.
Тютчевой Эрн. Ф., 14/26 августа 1843*
Ma chatte chérie, j’écris exprès en grosses lettres — St-Pétersbourg. Ce 26 août 1843 — pour te faire toucher au doigt de combien de couches s’est diminué la formidable distance qui nous sépare. Oui, ma bonne, me voilà depuis trois jours à Pétersb
Une autre impression, bien autrement amie et restaurante avait été celle-ci: le jour même de mon départ, deux heures avant de monter en voiture, le sort a eu la très aimable attention de me faire parvenir ta lettre du 3 de ce mois. Elle arrivait à point,[26] car l’attente commençait à tourner à l’inquiétude, et d’ailleurs j’avais besoin d’une récompense pour les 3 jours d’horrible existence que j’allais passer enfermé dans la caisse de la diligence. Cette lettre fut donc la très bien venue, et bien qu’elle fut, ne t’en déplaise, une des plus fraîches et des plus calmes que tu n’eusses jamais écrites, telle est néanmoins l’horrible partialité du cœur humain que je sentais, en empruntant un chiffon du papier, qu’il m’était plus cher que tout ce que je laissais derrière moi. Et cependant c’est un monde bien uni, bien sympathique que celui que je quittais. Les adieux de mes bons vieux ont été des plus tendres, et ceux de ma mère en particulier m’ont été presque pénibles. Un certain degré de sensibilité maintenant, presque dans la vieillesse, devient un contresens. Toute la famille m’a accompagné jusqu’au bureau des diligences, et l’apparition de ma mère dans un pareil endroit était un fait sans précédant et sans analogue dans sa vie. Je n’ai pas besoin de te dire que dans la matinée du jour de mon départ qui était un dimanche il y a eu après la messe le Te Deum obligé, suivi d’une visite dans une des chapelles les plus révérées de Moscou, où se trouve une image miraculeuse de la Ste Vierge d’Ibérie. En un mot, tout c’est passé dans la forme de la plus stricte orthodoxie. Eh bien, pour qui ne s’y associe qu’en passant, pour qui peut en prendre à son aise, il y a dans ces formes, si profondément historiques, il y a dans ce monde russo-byzantin, où la vie et le culte ne font qu’un, et si vieux que Rome elle-même, comparéà lui, sent quelque peu d’innovation, il y a dans tout cela, pour qui a l’instinct de ces choses, une grandeur de poésie incomparable, une grandeur telle quelle subjugue l’inimitié la plus acharnée, car au sentiment de ce passé, déjà si vieux, vient fatalement s’ajouter le pressentiment d’un avenir incommensurable. Ce sera un éternel regret pour moi que de n’avoir pas te faire voir Moscou. Comme ta nature, la plus intelligente des natures humaines, aurait vite et bien compris ce qu’il y a dessous. — Mais pour changer de ton, parlons un peu des affaires personnelles à mon chétif individu. Me voilàà Pétersbourg, quelque peu pendu dans le vague de mes projets, car, à bien considérer les choses, je ne vois pas ce que j’ai à chercher ici, sinon un p
D’autre part, vivre ici dans l’attente de quelque coup favorable du sort serait aussi absurde que de se mettre à spéculer sérieusement sur les chances d’un gain à la loterie. Je n’ai d’ailleurs ni les moyens, ni surtout l’envie de m’éterniser ici à attendre ce miracle. Je suis donc résignéà ne tirer d’autre profit de mon voyage à Pétersb